samedi 29 novembre 2008

Coquelicots

On dit que les échanges de projectiles pendant les combats de la Première Guerre mondiale en France, -surtout dans le Nord- ont tellement déplacé et remué la terre des champs de bataille, que les graines de coquelicots -libérées qu'elles ont été des profondeurs du sol où elles étaient piégées- ont permis une floraison rouge exceptionnelle dans les champs.
Ceux-ci sont devenus ainsi couverts comme de sang.
La photo ci-dessus ne date pas de cette époque mais la floraison de coquelicots semble toujours exceptionnelle aux Québécois que nous sommes pour qui ces fleurs sont inconnues -du moins dans leur état sauvage.
Nous étions toujours étonnés, pendant le temps de nos études à Aix-en-Provence, de les voir surgir partout -le longs des voies ferrées par exemple, et non seulement dans les champs- comme on voit des pissenlits au Québec.
Ces merveilles rouges perchées et penchées sur leurs (trop) longues et frêles tiges, oscillant au moindre «zéphyr», comme dirait La Fontaine.

Que de fois nous avons tenté d'en couper pour en faire des bouquets mais les coquelicots se flétrissaient presque immédiatement.
C'est le spectacle des champs couverts de ces fleurs de sang qui a inspiré un poème à un soldat anglophone et ce poème a imposé, dans les pays de l'ancien empire britannique, le coquelicot comme symbole du souvenir des soldats tombés au champ d'honneur commémoré le 11 novembre, jour de l'Armistice qui a mis fin à cette Première Guerre.
Voici ce poème (il est en anglais, il en existe une traduction qui ne me satisfait pas*) qui a donné naissance -comme tous les poèmes- à un élément de la réalité qui est la nôtre:

In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row
That mark our place ; and in the sky
The larks, still bravely singing, fly
Scarce heard amid the guns below.

We are the Dead. Short days ago
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved and were loved, and now we lie
In Flanders fields.
Take up our quarrel with the foe:
To you from failing hands we throw

The torch ; be yours to hold it high.
If ye break faith with us who die
We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields.


Voici une fleur de coquelicot sur sa tige:


* Voici une traduction en vers libres que je propose. Veuillez me suggérer des modifications si vous le jugez bon:

Au champ d’honneur, coquelicots éclosent
entre les croix, de tombe en tombe,
ils marquent notre place; et dans le ciel
les alouettes chantent encore courageusement et volent
même si on les entend à peine dans le fracas des tirs.

Nous sommes morts. Il y a peu de jours
Nous vivions, aimions voir flamboyer aurores et crépuscules
Aimions, étions aimés, et maintenant nous sommes étendus
Au champ d'honneur.

Continuez le combat contre l'ennemi
Nos bras meurtris vous tendent le flambeau,
À vous maintenant de le porter bien haut.
Si vous n'êtes pas dignes de la confiance des morts
Nous ne reposerons pas en paix parmi les coquelicots éclos
Au champ d'honneur

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