dimanche 13 juillet 2008

Mithra sacrifiant un taureau

On voit souvent avec indifférence des représentations antiques comme celle-ci où Mithra sacrifie un taureau.

Comme le veulent les règles de cet art tous ont l'air serein, même la bête sacrifiée.
Mais quand on voit ce qu'il en est vraiment d'une bête sacrifiée, souffrant d'une infinie souffrance comme dans cette photo d'une corrida de Pampelune parue avant-hier ou hier dans le module «Actualités» en bas, on éprouve une immense compassion et on comprend pourquoi Nietzsche a éclaté en sanglots à Turin au spectacle d'un cocher frappant son cheval de sa cravache.


Spectacle insoutenable: toute la douleur et la souffrance du monde.
Dans notre cœur aussi.
Voici le passage émouvant de «L'Insoutenable légèreté de l'être» de Milan Kundera où les larmes de
Nietzsche sont racontées et expliquées:

En même temps, une autre image m'apparaît: Nietzsche sort d'un hôtel de Turin. Il aperçoit devant lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de cravache. Nietzsche s'approche du cheval, il lui prend l'encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots.
Ça se passait en 1889 et Nietzsche s'était déjà éloigné, lui aussi, des hommes. Autrement dit: c'est précisément à ce moment-là que s'est déclarée sa maladie mentale. Mais selon moi, c'est bien là ce qui donne à son geste sa profonde signification. Nietzsche était venu demander au cheval pardon pour Descartes. Sa folie (donc son divorce d'avec l'humanité) commence à l'instant où il pleure sur le cheval.
Et c'est ce Nietzsche-là que j'aime...

Les bêtes sont nos frères et nos sœurs et tant que nous les tuerons comme nous les tuons nous nous tuerons comme nous nous tuons.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire