C'est dans le roman « L'Immortalité » de Milan Kundera (à droite) que j'ai découvert ce poème de Goethe (à gauche).
Selon Kundera, tous les petits écoliers allemands apprennent ce poème par cœur dès la première année à l'école.
Je ne sais pas ce qui se passe dans les écoles primaires québécoises mais je crois que, sous prétexte de démocratisation (et je hais la démocratisation quand on l'entend en ce sens), on a éliminé toute poésie de l'enseignement.
Et j'envie les petits écoliers allemands.
Là comme ailleurs, au Québec, la linguistique a sévi, qui croit devoir se passer de la poésie et de la littérature -qui sont à la fois les filles et la matrice de la langue parlée et de la langue écrite.
Ce poème, puisque je l'ai rencontré chez Kundera, est, pour moi, imprégné de la voix romanesque du romancier et du contexte où le place « L'Immortalité »: il signifie pour moi la proximité du bienheureux repos de la mort, et l'amour réciproque d'un père et d'une fille.
Il peut avoir aussi cette signification, comme il peut en avoir bien d'autres selon le moment et selon les circonstances de la vie où on l'entend, on le récite ou on se le remémore.
Car la poésie magnétise du sens plutôt que d'en avoir qui la limiterait.
Par ailleurs, puisqu'il est en allemand, il a -même accompagné de sa traduction- ce charme indéfinissable d'une comptine:
Am stram gram
Pic et pic et colégram
Bour et bour et ratatam
Am stram gram
L'Abbé Bremond , au début du 20e siècle (1926), qualifiait la comptine de « poésie pure ».
Mais ce n'en est pas totalement puisque la poésie est faite nécessairement de mots -même si ces mots tendent à concentrer tant de sens en eux qu'ils en viennent presque à ne plus être que des sons magiques comme les sons des comptines ou les sons des poèmes en langue étrangère.
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