lundi 10 novembre 2008

États-Unis: Le poids terrible de la religion


Pages 108-112 du plus récent numéro de L'Actualité (celui daté du 1er décembre 2008), une interview de Jean-Paul Dubois (l'auteur d'Une Vie française) par Isabelle Grégoire, dont je vous présente deux questions et deux réponses (qui se trouvent à la page 111 du magazine).
Celles-ci portent sur les États-Unis que Jean-Paul Dubois a sillonnés pour Le Nouvel Observateur pendant une vingtaine d'années.
Ses jugements sur ce pays me semblent suffisamment fondés pour que je vous les présente (l'interview précédait de peu la récente élection présidentielle étasunienne).


Vous avez sillonné les États- Unis pendant plusieurs années pour Le Nouvel Observateur. Mais vous ne semblez pas aimer beaucoup ce « pays des apparences trompeuses », que vous dépeignez dans ce roman comme «une secte avec ses rites économiques et ses gourous fanatiques» ...

- Ce pays présente les principaux critères des sectes: le besoin d'adorer, de s'en remettre à un être providentiel, une façon de vivre en autarcie quasi complète, faisant fi du reste du monde et des conséquences de ce qu'on fait aux autres, puisqu'on ne sait pas où ils se trouvent. La plupart des Américains ignorent totalement la géographie, et une grande partie des dirigeants, à commencer par Sarah Palin, la colistière de John McCain, n'ont jamais eu de passeport. Et cette femme, qui pourrait être la future vice-présidente des États-Unis, est créationniste ... C'est à peu près comme si votre premier ministre vous annonçait demain que la Terre est plate! On nage en pleine fiction.

La possibilité que Barak Obama prenne le pouvoir vous paraît-elle rassurante?


- Obama a beau être issu d'une communauté différente et avoir une vision différente du monde, il n'en est pas moins favorable à la peine de mort! Et le poids terrible de la religion est toujours là. On l'a vu à la convention démocrate de Denver, où tout s'est terminé par des prières - je trouve ça terrifiant. C'est un pays d'une grande violence dans la façon dont il traite ses propres ressortissants en matière de travail, de santé, d'éducation, sous le rapport des armes, de la justice, en ce qui concerne le contexte racial ... Tant que Dieu et l'économie seront aussi importants aux États-Unis, tant que subsistera ce rapport obsessionnel à la religion, les hommes y souffriront encore.



Si vous avez déjà emprunté les lignes aériennes intérieures des États-Unis, vous savez ce que Jean-Paul Dubois veut dire quand il dit des États-Unis que « [c]'est un pays d'une grande violence dans la façon dont il traite ses propres ressortissants ».
Et si vous prenez en considération le système d'assurances-santé qui y existe, etc.
On pourrait dire que les États-Unis sont le pays le plus riche du monde (peut-être plus pour longtemps) mais aux dépens de ses citoyens, comme du reste de l'univers.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire