mardi 17 janvier 2012

Soir à Québec

Vue de nuit de l'Édifice Price (au centre) à Québec, à l'intersection des rues de Buade et des Jardins.
À droite parmi les arbres, l'Hôtel de ville. À gauche, le pub-restaurant d'Orsay.
Construit dans les années trente, l'Édifice Price est de style «art déco».
On pourrait dire qu'il a permis de soulever un peu la chape de plomb des styles «provincial français d'ancien régime», «néo-classique», «néo-gothique» et «château» qui pesaient jusque-là sur le Vieux-Québec.
Il y avait tout près, durant ma jeunesse, la librairie Garneau, disparue maintenant après avoir été absorbée par un ensemble plus vaste qui ne lui a pas réussi.
Cette librairie avait été fondée par Octave Crémazie, poète romantique québécois, et ses frères.
Octave Crémazie qui écrivit ces vers où il évoque un vieux soldat québécois, après la conquête de la Nouvelle-France, tentant de porter au roi le drapeau vainqueur de la bataille de Carillon, après une longue navigation qui l'a conduit en France.
Et qui est évidemment moqué et méprisé par les courtisans de Versailles.


[...]


Quand le pauvre soldat avec son vieux drapeau
Essaya de franchir les portes de Versailles,
Les lâches courtisans à cet hôte nouveau,
Qui parlait de nos gens, de gloire, de batailles,
D’enfants abandonnés, des nobles sentiments
Que notre cœur bénit et que le ciel protège,
Demandaient, en riant de ses tristes accents,
Ce qu’importaient au roi quelques arpents de neige!



Qu’importaient, en effet, à ce prince avili
Ces neiges où pleuraient, sur les plages lointaines,
Ces fidèles enfants qu’il vouait à l’oubli!…
La Dubarry régnait. De ses honteuses chaînes
Le vieux roi subissait l’ineffaçable affront;
Lui livrant les secrets de son âme indécise,
Il voyait, sans rougir, rejaillir sur son front
Les éclats de la boue où sa main l’avait prise.


[...]

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