Selon ce que rapporte Claude Duneton dans l'article du Figaro.fr dont vous voyez l'en-tête ci-dessus (ici *) une équipe de chercheurs en psychologie de l'Université de Surrey en Angleterre (sous la direction de Peter Hegarty -page en anglais au bout de ce lien) aurait déterminé que nous sommes toujours sous l'influence de la grammaire pernicieuse du 16e siècle quand nous plaçons le nom masculin ou la dénomination masculine avant le nom ou la dénomination féminine en parlant d'un couple ou en nous adressant à un couple.
Nous serions sous l'influence sexiste des titres de pièces ou d'écrits qui, en se soumettant à cette grammaire, nous ont transmis cette maladie de l'esprit.
(Je glose sur l'article de Duneton à partir d'ici mais je vous y renvoie, cliquez «Shakespeare en joue»)
On pourrait appeler cela le «syndrome Roméo et Juliette» puisque c'est ainsi que Shakespeare a intitulé sa pièce sur les célèbres amants de Vérone.
Il avait récidivé en intitulant une autre pièce «Antoine et Cléopâtre» et une autre encore «Troïlus et Cressida».
Sa culpabilité n'est pas totale car c'est peut-être à cause de sa piété qu'il procédait ainsi: la Bible ne parle-t-elle pas d'«Adam et Ève» et de «Samson et Dalila»?
(On y parle aussi, entres autres, de «Judith et Holopherne» et d'«Esther et Assuérus» mais j'imagine que l'auteur de la Bible (Yahvé?) considère qu'exceptionnellement une femme juive -même femme- passe avant un homme non juif).
Chez les Français, Corneille a intitulé «Tite et Bérénice» une pièce que Racine, pour sa part, a intitulée seulement «Bérénice» (et toutes les pièces de Corneille, à part «Tite et Bérénice», ont un titre masculin).
Même chez les Grecs et les Romains -qu'on ne peut pas soupçonner de subir l'influence de la Bible- on procède aussi en faisant précéder dans les titres le personnage masculin: pensons à «Pyrame et Thisbé», «Philémon et Baucis», etc. **
Au Moyen Âge on pourrait citer, comme contrevenant à la règle sexiste, «Héloïse et Abélard», mais comme l'histoire raconte la castration d'Abélard on peut postuler que les auteurs ont préféré placer la femme avant l'eunuque, celui-ci n'étant plus vraiment, sans ses couilles, un homme et, par conséquent, moins qu'une femme, ont-ils peut-être pensé.
On connaît, à l'époque moderne et contemporaine, «Jules et Jim» et «Bouvard et Pécuchet» (entre autres) qui n'ont pas à se soumettre à la règle, n'étant pas des couples «sexuels» si je puis dire (à moins que...).
Bref il est temps, en ce nouveau millénaire, de faire triompher une nouvelle règle, au risque d'être accusé de nouvelles fautes en «-isme».
(Claude Duneton parle des couples homosexuels dont la nomination serait, d'une certaine façon, soumise à l'ancienne règle: allez voir comment)
* L'article est intitulé simplement «Shakespeare en joue», on ne voit pas bien pourquoi il y a seulement Shakespeare qui soit en joue puisque d'autres auteurs ont été coupables du même «crime».
** Une visiteuse me cite «Didon et Énée» qui ne respecte pas la règle sexiste. Je n'en attendais pas moins du divin Virgile, le dieu de la littérature, le vrai dieu.
samedi 3 avril 2010
Sexisme immémorial auquel nul n'échappe
heure 13:33:00
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