mardi 23 août 2011

Apothéose et damnation

On pose des questions, on énonce des hypothèses sur la disparition des Néandertaliens. On présente ceux-ci avec des traits bestiaux.
On noie le poisson.
Les hommes de Néandertal ont subi en Europe le même sort que les Amérindiens dans le continent appelé « Amérique » par les envahisseurs européens.
Ils ont été exterminés comme « race inférieure » ou comme « païens », non sans avoir été violés, réduits en esclavage, exploités d'abord.
Et comme les habitants actuels de l'« Amérique », descendants et héritiers des massacreurs, ont quelques gènes amérindiens en eux, les auteurs du génocide européen, les humains du genre « homo sapiens » (ce sont eux-mêmes qui se sont appelés « sapiens ») ont quelques gènes des hommes de Néandertal qu'ils ont exterminés.
Mais ils cherchent à l'oublier, comme ils cherchent à oublier leur crime.
Je devrais dire leurs crimes, au pluriel.
Car les auteurs du génocide néandertalien en Europe sont aussi les auteurs des génocides amérindiens en « Amérique ».
Double crime.
Ou multiples crimes même si l'on ne prend en considération que les génocides qui ont eu lieu en Europe pendant la période historique (la période sur laquelle on a des témoignages écrits) : ne parlons ni des Gaulois, ni des Carthaginois, ni des Cathares, ni des « Languedociens » en général, etc.
Parlons seulement des Irlandais et des Juifs, pour nous en tenir aux plus récents génocides ouest-européens.
De telle sorte que le sang qui coule dans nos veines à vous et à moi, c'est du sang d'assassins.
Avec quelques gouttes du sang des victimes Néandertal et Amérindiens (dans mon cas du moins).
Que nous tentons d'oublier.
Comme nous tentons de refouler les causes véritables de la disparition des hommes de Néandertal.
La cause véritable : nous !
J'ai été témoin il y a quelque temps d'une manifestation de ce refoulement.
Si inconscient, si profondément enfoui là, en nous-mêmes, où sont enfouis tous les souvenirs de nos crimes, que personne parmi les autres témoins de cette manifestation ne s'est aperçu de ce qui était à l'œuvre.
Il s'agit du projet de fresque intitulée « Apothéose de Christophe Colomb » de Napoléon Bourassa présentée dans le cadre d'une exposition consacrée à celui-ci au Musée national des beaux-arts du Québec.
Vous voulez la voir (cliquez-la si vous voulez la voir un peu mieux) ?

Aucun Amérindien dans ce projet de fresque. Seulement des assassins venus d'Europe, ou quelques-uns de leurs descendants.
Y a-t-il meilleure expression d'un désir ? Ou d'un refoulement ?
S'il en reste encore de ces sales victimes, si elles ont un jour existé, il va de soi qu'on le cache.
Leur disparition de la fresque annonce leur disparition de la réalité, déjà réalisée ou en voie de réalisation.
(Le génocide se continue encore aujourd'hui, dans les coulisses. La scène est toujours occupée par les massacreurs).
Toutes les fresques célébrant en Europe les triomphes des fils de l'« homo » dit « sapiens » sont de la même farine.
Les victimes en sont absentes et les assassins glorifiés.
Quand y aura-t-il enfin une fresque intitulée « Damnation des assassins »?
Mais peut-être ces fresques ou tableaux que l'on appelle « apothéoses » sont-elles en réalité toutes des « damnations ».
(L'article du Figaro.fr est ici)

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