vendredi 21 novembre 2008

Le Magnifique Restaurant du 9e à Montréal


Il y a un lieu inaccessible à Montréal, sur la rue Sainte-Catherine ouest, au dernier étage du bâtiment ci-dessus -que vous connaissez si vous êtes un habitant de Montréal (quoique beaucoup d'habitants de Montréal connaissent leur ville beaucoup moins bien que des gens des régions : métro-boulot-dodo, voilà leur vie).
Ou vous le connaissez si vous êtes un habitué de la métropole québécoise: c'est l'Édifice « Eaton » (peut-être s'appelle-t-il l'Édifice « Les Ailes » maintenant, ou un autre nom maintenant que « Les Ailes » sont disparues à leur tour).
Ce lieu inaccessible, au neuvième étage de cet édifice, c'est le restaurant « L'Île-de-France » (ou « Le 9e ») qui n'avait de France que le style du décor car, comme cuisine, c'était de la cuisine des Îles britanniques et particulièrement de l'Angleterre qu'on y servait: sandwich au concombre, « fish'n chips », pâtisseries traditionnelles, « scones » divers, etc.
C'est de la nourriture réconfortante pour des Québécois parce qu'elle prend sa source dans la cuisine médiévale française, dont les Anglais, comme les Québécois, ont jalousement préservé la pratique et la mémoire.
Plus que de la cuisine britannique, c'était de la cuisine traditionnelle de la France d'avant la Révolution de 1789.
Le décor magnifique du restaurant est « Art déco  » (ou « Paquebot ») et est l'œuvre (1930-31) de Jacques Carlu (photo à droite), un architecte (auteur du Palais de Chaillot à Paris), qui avait reçu la consigne de s'inspirer du décor des superbes paquebots de l'entre-deux guerres de la Compagnie Générale Transatlantique.
Et, effectivement, la salle à manger de « L'Île-de-France » a la forme d'un paquebot, celle justement de la salle à manger du paquebot « L'Île-de-France » dont elle est la réplique (d'où le nom que porte le restaurant en plus du nom « Le 9e »).
Ce lieu est inaccessible depuis 1999.
Il est classé monument historique, mais nul n'agit pour lui redonner vie.
Je crois que Montréal manque de maires et de gestionnaires ayant de la culture (vous souvient-il d'un maire de Montréal qui n'ait pas été plutôt « politicien » (dans le sens péjoratif français) qu'homme cultivé ?

Homme cultivé comme l'était le maire L'Allier de Québec, par exemple ?
Remarquez que Saguenay n'est pas mieux lotie immémorialement, de même qu'à peu près toutes les villes du Québec.
Et pas seulement les villes.
Nommez un premier ministre du Québec ayant eu (ou ayant) de la culture.
La France, je crois, vient d'ailleurs de nous rattraper en élisant Nicolas Sarkozy (nous sommes en 2008).

Mais que je vous présente des photos de ce restaurant où nous allions souvent -et avec grand plaisir-, dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, manger un morceau à l'heure du thé, après des séances de magasinage rue Sainte-Catherine et alentour.
Regardez bien ces photos, vous ne verrez pas avant longtemps ce décor de vos propres yeux.
Peut-être même sera-t-il détruit par mégarde ... par de quelconques entrepreneurs mafieux et/ou véreux (voyez les journaux) sur lesquels maires et conseillers montréalais comptent pour être élus par une population peut-être trompée (ou peut-être pas).


La salle à manger remplie de convives (c'est le midi)*



Vue de la salle à manger*

Vue rapprochée de la murale qui est au fond de la photo précédente*

Vue rapprochée d'un des vases d'albâtre de la photo précédente*

Autre vue de la salle à manger*


Projet du décor (dessin de l'architecte)

Et puis voici une des belles chansons que les convives entendaient peut-être chanter en musique de fond (quoique vu le lieu et l'époque à Montréal, c'était sans doute une chanson en anglais qu'ils entendaient) :




Et que diriez-vous des paroles de cette chanson ?

Vous qui passez sans me voir

par J. Hess, C. Trenet, P. Misraki


Les souvenirs sont là pour m'étouffer
De larmes, de fleurs, de baisers 

Oui je revois les beaux matins d'avril 

Nous vivions sous les toits tout en haut de la ville.

Vous qui passez sans me voir

Sans même me dire bonsoir
Donnez-moi un peu d'espoir ce soir...
J'ai tant de peine
Vous, dont je guette un regard
Pour quelle raison ce soir
Passez-vous sans me voir ?

Un mot, je vais le dire : "Je vous aime"

C'est ridicule, c'est bohème,
C'est jeune et c'est triste aussi
Vous qui passez sans me voir
Me donnerez-vous ce soir
Un peu d'espoir ?

Vous qui passez sans me voir 


Sans même me dire bonsoir 

Donnez-moi un peu d'espoir ce soir... 

J'ai tant de peine 

Vous, dont je guette un regard 

Pour quelle raison ce soir 

Passez-vous sans me voir ? 


Un mot, je vais le dire : "Je vous aime"


 C'est ridicule, c'est bohème, 

C'est jeune et c'est triste aussi 

Vous qui passez sans me voir 

Sans me donner d'espoir 

Adieu... Bonsoir...


Je propose donc celle-ci comme chanson de l'époque en anglais :





Voici les paroles :



Somewhere Over the Rainbow

Harold Arlen (musique) et E.Y. Harburg (paroles)

Somewhere over the rainbow
Way up high,
There's a land that I heard of
Once in a lullaby.

Somewhere over the rainbow
Skies are blue,
And the dreams that you dare to dream
Really do come true.

Someday I'll wish upon a star
And wake up where the clouds are far
Behind me.
Where troubles melt like lemon drops
Away above the chimney tops
That's where you'll find me.

Somewhere over the rainbow
Bluebirds fly.
Birds fly over the rainbow.
Why then, oh why can't I ?

If happy little bluebirds fly
Beyond the rainbow
Why, oh why can't I ?





* Les droits sur ces photos -datant de 1999- appartiennent à J.L.

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