jeudi 31 juillet 2008

Température du 31 juillet 2008 à Saguenay

Matin---------------------------------------Midi

La Langue (et les doigts)

J'aurais mauvaise grâce à contredire cette remarque, moi qui ai en grande partie choisi la profession qui a été la mienne en fonction de cet insatiable désir de parler qui était le mien.
Peut-être, devant la profusion de mes notes dans ce blogue, faudrait-il évoquer les doigts qui frappent les touches du clavier comme «organes» également difficiles à fatiguer (je frappe avec les deux index, parfois un majeur remplace son index -l'expression «doigt d'honneur» existe-t-elle?).
Voici une comptine qui parle de l'index:

Mon index est un bavard.
Sur ma bouche il dit :
" Chut ! "
En l'air, il dit:
"Est-ce que je peux?"
De gauche à droite, il dit:
"Non"
De bas en haut, il dit:
" Psssttt ! Viens..."
Il sait montrer et indiquer
Devant, derrière, à droite, à gauche
Et en riant parfois il s'inquiète:
" Ça va pas la tête ??? "
Vous dites que vous n'entendez rien ?
Moi je le comprends très bien.
C'est que mon index est malin
Très malin !!

Les comptines de Momes.net

mercredi 30 juillet 2008

Température du 30 juillet 2008 à Saguenay

Matin---------------------------------------Midi

La Maison d'opéra de Pékin ou l'œuf impénétrable

Dans le genre «art qui prophétise et qui révèle», la très belle maison d'opéra de Pékin (ci-haut, terminée en 2007) de l'architecte Paul Andreu me semble aussi une œuvre très intéressante.
Cet œuf est à prime abord impénétrable car il n'a pas d'ouverture ou de porte apparente.
On y pénètre par en-dessous, en empruntant, sous l'eau qui l'entoure de toutes parts, un chemin sec invisible, un chemin que sans doute seuls connaissent ceux qui sont dans le secret et qui appartiennent à la nomenklatura.
On dirait la description du parti et du gouvernement communiste (le singulier est volontaire) chinois.
Un gouvernement qui domine dans un pays où les empereurs régnaient jadis à partir d'une «Cité interdite» et qui sont véritablement les successeurs de ces empereurs puisqu'ils gouvernent comme eux.

Liens et Bâillons à Pékin


Je ne sais pas vous, mais moi je trouve le stade olympique de Pékin -celui où auront lieu les événements les plus importants des prochains Jeux- extrêmement significatif en dépit de sa beauté, je dirais, animale (on l'appelle effectivement «le nid d'oiseau» mais ce nom est un leurre, à moins que l'oiseau dont il est question ne soit un vautour).
Toutes ces minces bandes de métal me semblent la métaphore des liens et des bâillons qui enchaînent les membres et ferment les bouches des Chinois, entravent leurs actions, leurs pensées, leurs émotions et leurs discours.

Je ne sais comment s'est fait le choix des architectes et de l'architecture mais il me semble que ce qu'on pourrait appeler une main invisible, celle de l'art, -la main qui prophétise et qui révèle sans que l'on sache comment- est intervenue.
Le peuple chinois pourra savoir son emprisonnement, comme nous le savons. Voyez. La photo d'en haut est une mise en scène. La photo ci-dessous dit davantage la vérité. N'est-ce pas?

mardi 29 juillet 2008

Avion et Voiture

Un Boeing 747 au décollage consomme autant qu'une Clio durant toute sa vie (c'est une rubrique du module «Le saviez-vous?», dans la colonne de droite, qui est d'origine française, d'où le nom de cette petite voiture française inconnue en Amérique de Nord).
Cinq minutes de consommation de cet avion vaut une vie de consommation de cette voiture.
Fascinant, n'est-ce pas?

Température du 29 juillet 2008 à Saguenay

Matin---------------------------------------Midi

Des Chats mais de Botéro

Il y a longtemps que je vous ai présenté des chats.
Je vous ai parlé récemment de Fernando Botero et de son parti pris d'obésité.
Voici donc des chats de
Botero, obèses.
Celui de Barcelone (en Catalogne) d'abord en trois photos.

Devant:


Derrière:


Tête:


Puis celui d'Érivan* (en Arménie) en deux photos:
Devant:


Tête:


Et puis voici un oiseau -de Botero aussi- qui, malgré sa taille, ne suffirait pas à apaiser leur appétit:


* Je dis et j'écris toujours Érivan à cause des vers de Louis Aragon dans «L'Affiche rouge» (que vous pouvez écouter -plutôt deux fois qu'une- dans le lecteur mp3 virtuel à droite):

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Érivan

lundi 28 juillet 2008

Température du 28 juillet 2008 à Saguenay

Matin---------------------------------------Midi

Le Curé honnête homme et un évêque comme ils sont

Je viens de terminer le dernier roman traduit de Donna Leon (à gauche) « De Sang et d'Ébène », en anglais « Blood From A Stone ».
Les romans de Donna Leon se passent tous à Venise et mettent en scène le commissaire Guido Brunetti, ses enquêtes policières, sa famille et les employés de la vice-questure de Venise.
Ce qui compte dans ces romans ce sont surtout les pérégrinations du commissaire dans les différents quartiers de Venise -cette ville à cause de laquelle l'univers est justifié d'exister-, les repas que lui prépare sa femme Paola, professeur de littérature à l'Université (quelle collègue merveilleuse elle aurait été pour moi!).
Mais ce qui compte aussi c'est le regard je dirais cynique porté sur la race humaine à partir de quelques exemplaires vénitiens (et napolitains et romains) de cette race que rencontre le commissaire pour les besoins de ses enquêtes.

Avant de vous présenter un passage de ce roman -que je ne commenterai pas mais que vous pourrez mettre en relation avec certaines des notes de ce blogue- laissez-moi vous conseiller d'aller vous plonger dans ces romans (cliquez ici pour connaître leur titre).
Si vous désirez les acquérir il sont publiés en français chez Calmann-Lévy.
Voici le passage que je veux vous présenter.

Le contexte d'abord : Don Alvise Perale est curé de la paroisse d'Ordezo au nord de Venise. Il aide tous les réfugiés que les crises d'Europe et d'Afrique ont amenés en Italie en partageant avec eux les biens de la paroisse. Certains paroissiens préfèreraient « adorer un Dieu aux mains moins percées » que le Dieu d'amour et de charité que leur fait adorer leur curé.
Quand Don Alvise accueille une famille de Sierra Leone au presbytère, ces paroissiens se plaignent à l'évêque.



Dans la lettre qu'[...]envoya l'évêque [à don Alvise] pour lui ordonner de faire déguerpir [cette] famille, un des arguments évoqués était que «ces gens adorent des pierres ».À la réception de ce courrier, Don Alvise se rendit à la banque et retira tout l'argent qui se trouvait sur le compte de la paroisse. Deux jours plus tard, et avant de répondre à son évêque, il acheta avec ces fonds un petit appartement dans la ville voisine de Portogruaro et en donna le titre de propriété au père de la famille sierra-léonaise. Le soir même, il écrivit à l'évêque, lui expliquant qu'il ne voyait aucune autre issue pour lui que de renoncer à son ministère, car continuer à le pratiquer comme il pensait juste de le faire créerait incontestablement des dissensions permanentes avec ses supérieurs. Il ajouta pour terminer, dans les termes les plus respectueux, qu'il préférait en fin de compte la compagnie de personnes adorant des pierres à la [compagnie] de ceux qui les ont à la place du cœur.

On dirait du Stendhal. Quelle vérité dans l'observation! Et tous les romans sont faits de ce tissu.


dimanche 27 juillet 2008

Température du 27 juillet 2008 à Saguenay

Matin---------------------------------------Midi










Comme on le voit, les prévisions de MétéoMédia ont été contredites. Je crois que la centralisation des services météo à Montréal (comme toutes les centralisations) est génératrice de ce type d'erreurs.
C'est l'une des raisons pour lesquelles je suis partisan du retour, par exemple, en Italie des anciens royaumes, républiques, duchés, grands-duchés, et partisan de la division de tous les pays en plus petits pays: un petit gouvernement proche administre mieux qu'un grand gouvernement lointain.
Est-ce qu'il y aurait eu Venise ou Florence ou Palerme ou Naples ou Gênes ou Turin ou Milan (et j'en passe) si Rome avait toujours dominé une Italie unie et centralisée?
Ou Dresde, Munich, Weimar, Francfort, Cologne (et que sais-je encore?) si Berlin ou Vienne avait toujours dirigé une Allemagne unie et centralisée?
Poser la question c'est y répondre.
Tous les pays trop grands sont à dissoudre, les faiseurs d'empire à mettre soigneusement mis hors d'état de nuire et les fédérations et confédérations non économiques à éviter scrupuleusement.

Le Sixième Sens


On spécule souvent sur ce sixième sens. Le mystère est maintenant résolu.

samedi 26 juillet 2008

Température du 26 juillet 2008 à Saguenay

Matin---------------------------------------Midi

Botero, l'art de l'obésité et de la société actuelle

Vous connaissez peut-être Fernando Botero (non, ce n'est pas lui dans ce tableau !).
C'est le peintre (et le sculpteur) de l'obésité, malgré le fait qu'il le nie et prétende être plutôt l'artiste du volume.

N'empêche, selon moi, depuis ses débuts dans les années quarante du 20e siècle en Colombie, il a comme prophétisé dans son art cette vague d'obésité que l'on voit tout submerger autour de nous et qui est en train peu à peu d'envahir et de noyer toute la planète, même les pays naguère encore dits sous-développés.
Il a commencé par rendre obèses des personnages de tableaux. Voici La Joconde (
Botero intitule ce tableau « Monalisa »):


Puis la contamination s'est étendue à tout, même aux végétaux. Voici « La Nature morte à la pastèque »:

Vous avez déjà vu les fraises (et autres « petits » fruits) obèses que nous exportent les États-Unis. Il y a ici leurs parentes, des oranges obèses (et une théière obèse).
Je vous présenterai d'autres éléments également obèses de la production de Botero ultérieurement.
En attendant on peut faire l'hypothèse devant son œuvre que l'art sent (et nous en rend conscient) ce qui est en train d'éclore et prédit, parfois sans le savoir, ce qui adviendra (ou ce qui advient dans le présent, de manière cachée) non pas seulement dans l'art mais dans la société même.
La prise du pouvoir par les tenants de la philosophie (serait-ce le capitalisme?) dont le principe de base est: «Big is beautiful».

P.S. 5 0ctobre 2009: l'une des suites de cette note est ici.

vendredi 25 juillet 2008

Température du 25 juillet 2008 à Saguenay

Matin---------------------------------------Midi

Autres étiquettes de Mouton Rothschild

Voici l'adresse (clic) d'un site (malheureusement en anglais seulement) où l'on peut trouver toutes les étiquettes du Château Mouton Rothschild des origines à 2004.
Voici l'étiquette faite par Balthus (tout est plus visible que sur l'étiquette encore attachée à la bouteille de la note précédente).


Et voici l'une des étiquettes faites par Jean-Paul Riopelle (je cherche toujours la deuxième car il y a eu une deuxième: le jury ne parvenant pas à se décider pour l'une ou pour l'autre se décida pour les deux):


Et voici la deuxième étiquette, dont un visiteur anonyme me donne l'adresse aujourd'hui, 17 février 2010, 19h, heure du Québec:

Mouton Rothschild 1970 et 1971



Ce sont là deux étiquettes de vins qui ont jadis fait partie de ma cave: les étiquettes du Château Mouton Rothschild 1970, illustrée par Chagall, et du Château Mouton Rothschild 1971, illustrée par Kandinsky.
Je considère que je possède, en ces étiquettes, des chefs-d'œuvre et que le vin que contenaient les bouteilles qu'elles identifiaient était également un chef-d'œuvre: robe foncée, nez de cuir, petits fruits, réglisse, moka; longues jambes; bouche ample et inoubliable.
Je considère que la vie m'a favorisé pour m'avoir permis de déguster un vin pareil de deux années différentes.
Mais cette idée de demander à de grands artistes d'illustrer les étiquettes de son plus grand cru me semble une idée digne de cette grande famille française dont quelques membres -sous d'autres noms (Nucingen dans Balzac) ou sous leur vrai nom (dans À la recherche du temps perdu)- apparaissent dans un grand nombre de chefs-d'œuvre
romanesques de la littérature français.
Cette famille sans laquelle la France n'apparaîtrait pas comme elle apparaît.
Il y a évidemment des étiquettes que je n'ai pas (je n'ai pas pu acquérir d'autres bouteilles de
Mouton Rothschild depuis les bouteilles de ces années-là, faute de moyens car les États-uniens, puis les Japonais, puis les Chinois ont découvert le chic de ces vins (sans vraiment les apprécier, pour le statut que leur consommation donne) et ceux-ci sont alors devenus, pour moi, hors de prix).
Voici le site de la Maison Rothschild (clic) où il y a des notes de dégustation des millésimes ultérieurs.
Mais j'aimerais vous présenter quelques-unes des étiquettes que j'ai découvertes sur Internet, illustrées par des artistes que j'aime
(vous trouverez les noms de tous les artistes qui ont illustré les étiquettes de Mouton):

Andy Warhol..............................Niki de Saint Phalle
























Per Kirkeby...................................Georg Baselitz























J'aurais bien aimé retrouver les étiquettes de Jean-Paul Riopelle (1978) mais je n'y suis pas arrivé (P.S. voir note suivante).
Voici enfin l'étiquette spéciale de l'année 1993 dont l'illustration est de
Balthus.
Pour les États-Unis cette étiquette a du être modifiée car on craignait un ressac de ce peuple dont la morale et le goût me semblent dévoyés:
il aime les grosses nourritures, les grosses chairs, les gros muscles et les gros seins laids et éléphantesques (les États-uniens sont d'ailleurs majoritairement obèses) et il hait les minces petites filles nues faites de traits de crayon.
Je jouis à l'avance du scandale de ces hypocrites (ainsi que de celui des Canadiens dont la majorité ressemble aux États-uniens puisqu'ils partagent la même langue et la même «culture»):

(Cliquez les images pour zoomer)

jeudi 24 juillet 2008

Température du 24 juillet 2008 à Saguenay

Matin---------------------------------------Midi

Marâtre Nature


À Florence, cette jungle de trésors d'art et de palais et d'églises et de musées et de jardins et de villas qu'on est certain de ne jamais pouvoir explorer entièrement et où on se sent toujours un peu perdu, il y a l'église de Santa Croce (ci-haut).
Je ne parlerai pas des tombeaux et cénotaphes qu'on y trouve (un jour j'en parlerai peut-être) mais je vais montrer cette chapelle des Pazzi (ci-dessous) qui en fait partie,
si belle (elle a été faite par Brunelleschi) avec sa petite coupole émaillée du portique (ci-contre, remarquez les coquilles Saint-Jacques dans les coins).
Hélas, dans cette chapelle, il y a -exposé- le crucifix de Cimabue (de 1272) presque effacé par les inondations de 1966 (ci-dessous, et il a été restauré. Imaginez son état avant restauration).
On se demande devant ce spectacle désolant pourquoi des gens invoquent la loi naturelle comme la loi qui doit diriger les hommes et l'humanité.
On pense au contraire qu'il faut se garder de la nature, qu'elle est notre ennemie et celle des œuvres humaines.


Voici le crucifix de Cimabue comme il était avant 1966, avant l'intervention de la «marâtre nature»:


(Cliquez les images pour zoomer)

Cette expression «marâtre nature» est empruntée à Pierre de Ronsard dans le poème suivant où cette nature est décrite comme l'auteur d'une autre catastrophe -mais prévisible- que je commence à connaître assez bien, la vieillesse:

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.