Des droites et des rondes

Je n'aime pas beaucoup les sandwichs, qui semblent pourtant être le «mets» le plus apprécié de nos siècles (deuxième moitié du 20e et début du 21e).
Qui aurait dit que les deux morceaux de pain enserrant la viande que voulait manger Lord Sandwich tout en continuant à s'adonner sans s'arrêter et sans se brûler les doigts et les mains aux jeux d'argent qui le passionnaient tant, qui aurait dit que ces morceaux de pain allaient bientôt être consommés avec la viande et mis à contribution pour enserrer tout ce qu'on pouvait imaginer comme garniture?
Viande mais sauces, fromage, confiture, et que sais-je encore?
Voici comment Wikipédia rapporte (sous condition) l'histoire de l'invention du sandwich:

Un jour de 1765, [John Montagu, 4e comte de Sandwich étant] lancé dans une de ses parties de cartes interminables, un serveur lui apporta deux tranches de pain garnies de viande froide et de fromage. Il trouva que ce plat revêtait deux qualités essentielles à ses yeux : premièrement il n'avait pas besoin de quitter la table de jeu pour s'alimenter et, deuxièmement, la conception du plat lui permettait de conserver les mains propres.

Moi je préfère les tartines.
Il y a trop de pain dans les sandwichs.
Mais il est intéressant qu'en opposant Paris à New York, Vahram Muratyan (dans son livre «Paris vs New York») utilise, dans le domaine du sandwich, le croque-monsieur fait de lignes droites, pour représenter Paris, et le hot-dog, tout en courbes avec son petit pain rond (et sucré hélas), la saucisse et la ligne serpentine de la moutarde anglaise, pour représenter New York.
Peut-être, en profondeur, révélées par le type de sandwich qu'on y a inventé, existe-t-il une ville de droites (excusez-moi du jeu de mots mais j'y souscris et le maintiens) en Paris et une ville faite de rondeurs en New York (mais cela n'est pas vraiment caché: les rondeurs humaines et animales qui hantent ses rues presque toutes perpendiculaires ne sont que trop visibles).