jeudi 5 mai 2011

Billard

C'est sur ce saint Pierre juché sur un trône à l'intérieur de la basilique qui porte son nom que pèlerins et fidèles se précipitent afin de lui toucher le pied -de préférence le droit.
Ils croient ainsi mériter un traitement de faveur lors de leur arrivée à la porte du ciel (si tant est qu'ils y arrivent), de la part de celui qui en serait le portier.
Car c'est ce qu'on leur promet: une caresse au pied et ils jouiront d'une sollicitude spéciale de la part du saint (après leur mort, il n'y a donc aucun moyen de vérifier la vérité de la promesse).
Un portier sur un trône avec les pieds usés (voyez sur la photo) à force d'être superstitieusement caressés (car pèlerins et fidèles caressent aussi le pied gauche, on ne sait jamais).
Le pauvre et analphabète pêcheur (et pécheur, car il a trahi trois fois dit-on) de Galilée rougirait sans doute de honte de se voir ainsi sur un trône.
Il jugerait ne mériter «ni cet excès d'honneur, ni cette indignité».
Mais, sans doute, si son âme existe encore et si elle est au courant de ce qui se passe sur la Terre, le disciple de Jésus sait que ce n'est pas à lui que s'adresse cet hommage d'un trône mais à ceux qui se proclament ses successeurs: la vénération qu'ils lui portent c'est à eux-mêmes qu'ils la portent, par ricochet.
Je me demande s'il leur ouvrira volontiers la porte du ciel (si tant est qu'un tel lieu et une telle porte existent) à ces gens qui ne le vénèrent que pour leur plus grande gloire personnelle.
Comme dans une sorte de naïve partie de billard politico-religieuse.

2 commentaires:

orfeenix a dit…

J' ai bien peur qu' il ne trouve les bigots casse-pied !

Jack a dit…

Tant que la superstition ne quittera pas les pieds...

Enregistrer un commentaire