C'est une photo de la traversée d'hiver du Saint-Laurent devant Québec qui a lieu chaque année pendant la période du Carnaval.
Je ne sais pourquoi j'ai décidé de m'en servir pour vous présenter la chanson de Gilles Vigneault dont je vous ai parlé dans le billet précédent.
Cette chanson s'intitule, comme vous le savez peut-être, «Les Gens de mon pays» et son texte semble prendre pour acquis que les gens de ce pays (c'est du Québec qu'il s'agit et des Québécois) sont comme il les décrit, « gens de paroles », « gens de causerie ».
Mais un poème ne décrit jamais, on devrait le savoir. Le poème crée, et ce qu'il crée n'existe pas dans la réalité.
Qui n'est que la boue dont il fait de l'or, selon l'expression de Baudelaire.
Ce que le poème crée, parfois, par la suite. se crée dans la réalité, car le poème l'appelle.
Mais parfois ce que le poème crée fictivement ne se crée pas dans la réalité.
Rien ne répond à son appel, comme on le constate maintenant dans le peuple québécois.
Peut-être, à force de le faire entendre, le poème suscitera-t-il ce qu'il crée,
C'est la raison pour laquelle je vous fais entendre la chanson, interprétée par Stéphane Côté et Paule-Andrée Cassidy en décembre 2010.
Les gens de mon pays
Ce sont gens de paroles
Et gens de causerie
Qui parlent pour s'entendre
Et parlent pour parler
Il faut les écouter
C'est parfois vérité
Et c'est parfois mensonge
Mais la plupart du temps
C'est le bonheur qui dit
Comme il faudrait de temps
Pour saisir le bonheur
À travers la misère
Emmaillée au plaisir
Tant d'en rêver tout haut
Que d'en parler à l'aise
Parlant de mon pays
Je vous entends parler
Et j'en ai danse aux pieds
Et musique aux oreilles
Et du loin au plus loin
De ce neigeux désert
Où vous vous entêtez
À jeter des villages
Je vous répéterai
Vos parlers et vos dires
Vos propos et parlures
Jusqu'à perdre mon nom
Ô voix tant écoutées
Pour qu'il ne reste plus
De moi-même qu'un peu
De votre écho sonore
Je vous entends jaser
Sur les perrons des portes
Et de chaque côté
Des cléons des clôtures
Je vous entends chanter
Dans ma demi-saison
Votre trop court été
Et mon hiver si longue
Je vous entends rêver
Dans les soirs de doux temps
Il est question de vents
De vente et de gréments
De labours à finir
D'espoirs et de récolte
D'amour et du voisin
Qui veut marier sa fille
Voix noires et voix durcies
D'écorce et de cordage
Voix des pays plain-chant
Et voix des amoureux
Douces voix attendries
Des amours de village
Voix des beaux airs anciens
Dont on s'ennuie en ville
Piailleries d'écoles
Et palabres et sparages
Magasin général
Et restaurant du coin
Les ponts les quais les gares
Tous vos cris maritimes
Atteignent ma fenêtre
Et m'arrachent l'oreille
Est-ce vous que j'appelle
Ou vous qui m'appelez
Langage de mon père
Et patois dix-septième
Vous me faites voyage
Mal et mélancolie
Vous me faites plaisir
Et sagesse et folie
Il n'est coin de la terre
Où je ne vous entende
Il n'est coin de ma vie
À l'abri de vos bruits
Il n'est chanson de moi
Qui ne soit toute faite
Avec vos mots vos pas
Avec votre musique
Je vous entends rêver
Douce comme rivière
Je vous entends claquer
Comme voile du large
Je vous entends gronder
Comme chute en montagne
Je vous entends rouler
Comme baril de poudre
Je vous entends monter
Comme grain de quatre heures
Je vous entends cogner
Comme mer en falaise
Je vous entends passer
Comme glace en débâcle
Je vous entends demain
Parler de liberté.
Je ne sais pourquoi j'ai décidé de m'en servir pour vous présenter la chanson de Gilles Vigneault dont je vous ai parlé dans le billet précédent.
Cette chanson s'intitule, comme vous le savez peut-être, «Les Gens de mon pays» et son texte semble prendre pour acquis que les gens de ce pays (c'est du Québec qu'il s'agit et des Québécois) sont comme il les décrit, « gens de paroles », « gens de causerie ».
Mais un poème ne décrit jamais, on devrait le savoir. Le poème crée, et ce qu'il crée n'existe pas dans la réalité.
Qui n'est que la boue dont il fait de l'or, selon l'expression de Baudelaire.
Ce que le poème crée, parfois, par la suite. se crée dans la réalité, car le poème l'appelle.
Mais parfois ce que le poème crée fictivement ne se crée pas dans la réalité.
Rien ne répond à son appel, comme on le constate maintenant dans le peuple québécois.
Peut-être, à force de le faire entendre, le poème suscitera-t-il ce qu'il crée,
C'est la raison pour laquelle je vous fais entendre la chanson, interprétée par Stéphane Côté et Paule-Andrée Cassidy en décembre 2010.
Les gens de mon pays
Ce sont gens de paroles
Et gens de causerie
Qui parlent pour s'entendre
Et parlent pour parler
Il faut les écouter
C'est parfois vérité
Et c'est parfois mensonge
Mais la plupart du temps
C'est le bonheur qui dit
Comme il faudrait de temps
Pour saisir le bonheur
À travers la misère
Emmaillée au plaisir
Tant d'en rêver tout haut
Que d'en parler à l'aise
Parlant de mon pays
Je vous entends parler
Et j'en ai danse aux pieds
Et musique aux oreilles
Et du loin au plus loin
De ce neigeux désert
Où vous vous entêtez
À jeter des villages
Je vous répéterai
Vos parlers et vos dires
Vos propos et parlures
Jusqu'à perdre mon nom
Ô voix tant écoutées
Pour qu'il ne reste plus
De moi-même qu'un peu
De votre écho sonore
Je vous entends jaser
Sur les perrons des portes
Et de chaque côté
Des cléons des clôtures
Je vous entends chanter
Dans ma demi-saison
Votre trop court été
Et mon hiver si longue
Je vous entends rêver
Dans les soirs de doux temps
Il est question de vents
De vente et de gréments
De labours à finir
D'espoirs et de récolte
D'amour et du voisin
Qui veut marier sa fille
Voix noires et voix durcies
D'écorce et de cordage
Voix des pays plain-chant
Et voix des amoureux
Douces voix attendries
Des amours de village
Voix des beaux airs anciens
Dont on s'ennuie en ville
Piailleries d'écoles
Et palabres et sparages
Magasin général
Et restaurant du coin
Les ponts les quais les gares
Tous vos cris maritimes
Atteignent ma fenêtre
Et m'arrachent l'oreille
Est-ce vous que j'appelle
Ou vous qui m'appelez
Langage de mon père
Et patois dix-septième
Vous me faites voyage
Mal et mélancolie
Vous me faites plaisir
Et sagesse et folie
Il n'est coin de la terre
Où je ne vous entende
Il n'est coin de ma vie
À l'abri de vos bruits
Il n'est chanson de moi
Qui ne soit toute faite
Avec vos mots vos pas
Avec votre musique
Je vous entends rêver
Douce comme rivière
Je vous entends claquer
Comme voile du large
Je vous entends gronder
Comme chute en montagne
Je vous entends rouler
Comme baril de poudre
Je vous entends monter
Comme grain de quatre heures
Je vous entends cogner
Comme mer en falaise
Je vous entends passer
Comme glace en débâcle
Je vous entends demain
Parler de liberté.
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