mercredi 5 novembre 2025

Janet Rowley, celle qui transformé le cancer mortel en maladie gérable

Dans le calme de son laboratoire de Chicago, la docteure Janet Rowley, penchée sur un microscope, découvrit ce que des générations de scientifiques avaient négligé : un infime échange de matériel génétique, presque invisible, qui allait bouleverser notre compréhension du cancer.

C’était dans les années 1970. La plupart des chercheurs pensaient que le cancer était causé par des virus, des produits chimiques ou la malchance. Rowley osa suggérer une hypothèse bien plus troublante : la cause pourrait résider dans notre propre ADN.

Sur ses lames, elle remarqua que deux chromosomes, les chromosomes 9 et 22, avaient échangé des fragments. Ce que d’autres considéraient comme une erreur, elle le reconnut comme un indice. Cet échange génétique, plus tard connu sous le nom de chromosome de Philadelphie, n’était pas aléatoire. Il créa un nouveau gène de fusion dangereux, responsable de la leucémie myéloïde chronique.

L’idée était radicale. Ses détracteurs lui dirent qu’elle se trompait. Pendant des années, ses découvertes furent mises en doute. Mais la patience de Rowley était inébranlable. Elle a accumulé des preuves, expérience après expérience, jusqu'à ce que plus personne ne puisse ignorer ce que son microscope avait révélé : le cancer n'était pas un chaos invincible, mais une erreur génétique, une erreur qui pouvait être comprise, voire corrigée.

Sa découverte a révolutionné la médecine. Elle a ouvert la voie à des thérapies ciblées comme le Gleevec, un médicament qui a transformé un cancer mortel en une maladie gérable.

Janet Rowley n'a pas seulement identifié une mutation ; elle a fait naître l'espoir. Elle a prouvé que le savoir pouvait transformer la peur en compréhension, que la persévérance pouvait faire basculer le scepticisme vers le progrès, et qu'une seule femme, munie d'un microscope, pouvait changer l'avenir de millions de personnes.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire