jeudi 3 mars 2011

Pierrot, Colombine, Arlequin

Ce sont des figurines représentant les comédiens italiens exerçant leur métier en France vers la fin du 17e et au 18e siècle.
Je les ai photographiées au Musée Carnavalet à Paris, expressément pour pouvoir vous présenter des poèmes de Verlaine mettant en scène des personnages de la commedia dell'arte.
J'ai également photographié un tableau de l'École flamande mais datant du 16e qui présente des personnages similaires.
Je vous le présenterai dans un autre billet où je parlerai peut-être de cette époque de l'histoire de France où celle-ci, à cause des deux reines Médicis et de leurs suites d'artistes de tous les arts, et de leur cuisiniers, et de leurs savants, et de leurs astrologues, et à cause de leurs fils (particulièrement Henri III, le plus Médicis des
Médicis malgré son nom de Valois, et aussi Louis XIII), était devenue une sorte de colonie culturelle, sociologique et linguistique de l'Italie, et particulièrement du grand-duché de Toscane.
Pour le moment voici deux poèmes de Verlaine mettant en scène des personnages italiens naturalisés français (je suis sûr qu'un Sarkozy du temps a parlé contre eux, oublié celui-ci maintenant comme le sera l'autre dans quelques brèves années).

Pantomime

Pierrot, qui n'a rien d'un Clitandre,

Vide un flacon sans plus attendre,

Et, pratique, entame un pâté.



Cassandre, au fond de l'avenue,

Verse une larme méconnue

Sur son neveu déshérité.



Ce faquin d'Arlequin combine

L'enlèvement de Colombine

Et pirouette quatre fois.



Colombine rêve, surprise

De sentir un cœur dans la brise

Et d'entendre en son cœur des voix.


Pierrot

Ce n'est plus le rêveur lunaire du vieil air

Qui riait aux aïeux dans les dessus de porte;

Sa gaîté, comme sa chandelle, hélas! est morte,

Et son spectre aujourd'hui nous hante, mince
[et clair.



Et voici que parmi l'effroi d'un long éclair

Sa pâle blouse a l'air, au vent froid qui l'emporte,

D'un linceul, et sa bouche est béante, de sorte

Qu'il semble hurler sous les morsures du ver.



Avec le bruit d'un vol d'oiseaux de nuit qui passe,

Ses manches blanches font vaguement par l'espace

Des signes fous auxquels personne ne répond.



Ses yeux sont deux grands trous où rampe
[du phosphore

Et la farine rend plus effroyable encore

Sa face exsangue au nez pointu de moribond.


Henri III, le Médicis français

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire