Bizarre cette convergence de pensée à propos de la lecture entre George Bernard Shaw et Marcel Proust.
Voici en effet ce qu'écrit Proust dans «Sur la lecture»:
La lecture est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas.[...].
La lecture n'agit qu'à la façon d'une incitation qui ne peut en rien se substituer à notre activité personnelle [...].
Tant que la lecture est pour nous l'initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n'aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire. Il devient dangereux au contraire quand, au lieu de nous éveiller à la vie personnelle de l'esprit, la lecture tend à se substituer à elle, quand la vérité ne nous apparaît plus comme un idéal que nous ne pouvons réaliser que par le progrès intime de notre pensée et par l'effort de notre cœur, mais comme une chose matérielle, déposée entre les feuillets des livres comme un miel tout préparé par les autres et que nous n'avons qu'à prendre la peine d'atteindre sur les rayons des bibliothèques et de déguster ensuite passivement dans un parfait repos de corps et d'esprit.
Évidemment ceux qui n'ont jamais lu un seul livre dans toute leur vie vont sauter sur le prétexte et continuer à la fois de ne pas lire, et de ne pas penser, et de n'avoir aucune vie spirituelle, mais n'est-ce pas, depuis des siècles, le mode d'action de la majorité des humains?
Ceux-ci n'ont pas un ancêtre commun avec les singes pour rien.
Ce sont des singes, et qui mèneraient la bucolique et purement sociale (et sexuelle) vie des singes n'étaient leur invincible goût pour la violence et le meurtre sous le moindre prétexte, ordinairement -mais pas seulement- religieux.
vendredi 11 mars 2011
Convergence de pensée sur la lecture
heure 18:47:00
1 commentaire:
La transition entre ce bel article et les précédents me fait penser à l' index et aux autodafés qui ont été de réels meurtres de l' intelligence et de la pensée!
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