J'ai parlé de Sirmione avant-hier et cela m'a obligé à faire des recherches dans nos photos d'Italie.
En plus de celles que je vous ai montrées avant-hier (plus précisément là), j'en ai trouvé une que je trouve rétrospectivement fantastique, la photo que j'appelle maintenant «la maison fleurie de Sirmione».
La voici:
Je vous rappelle que cette photo a été prise à la fin septembre et qu'elle donne une exacte idée du climat qui règne à Sirmione à cette période de l'année, pendant qu'au Québec nous disons, comme Baudelaire,
Adieu, vives clartés de nos étés trop courts!
puisque
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;
et que
Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
Ce paradis de Sirmione, sur le lac de Garde, près de Vérone (voici son emplacement sur la carte de l'Italie:
vous voyez, elle est au sud du lac -à l'intérieur du rectangle- sur une longue presqu'île, à droite de la carte en bas il y a Vérone), ce paradis de Sirmione, donc, semble toujours avoir été un paradis puisque dans l'Antiquité elle était possession de la famille (très riche) du poète Catulle.
Les autorités locales sont très fières de cette appartenance antique et ont fait édifier un buste du poète au bord du lac (voici ce buste sur lequel s'appuie Denise Pelletier, ma femme, de manière un peu irrévérencieuse mais elle marque ainsi son amour de la poésie):
Voici à droite une vue rapprochée de la tête du poète telle que l'a représentée le sculpteur moderne.
Catulle -qui était un poète lyrique et a écrit les premiers vers d'amour de la langue latine qui nous soient parvenus- aimait lui aussi beaucoup la ville de Sirmione où il avait une villa (dont on peut visiter les ruines).
Il lui a consacré des vers éblouis où il dit sa joie d'y revenir après une longue absence à Rome où ceux dont il était amoureux (Claudia, épouse du consul Quintus Metellus Celer, et Juventius, un jeune homme qui préfère à Catulle un autre poète) lui causent des chagrins (le nom antique de «Sirmione» était «Sirmio»):
Paene insularum, Sirmio, Insularumque
ocelle, quascumque in liquentibus stagnis
marique vasto fert uterque neptunus,
quam te libenter quamque laetus inviso,
vix mi ipse credens Thyniam atque Bithynos
liquisse campos et videre te in tuto.
O quid solutis est beatius curis,
cum mens onus reponit, ac peregrino
labore fessi venimus larem ad nostrum,
desideratoque acquiescimus lecto?
Hoc est quod unum est pro laboribus tantis.
Salve, o venusta Sirmio, atque ero gaude
gaudente; vosque, o Lydiae lacus undae,
ridete quidquid est dome cachinnorum.
J'imagine que vous aimeriez savoir ce que signifient ces vers latins. Voici une traduction (elle n'est pas de moi car moi j'aurais tenté de la faire en vers):
Quel plaisir, quelle joie de te revoir, ô Sirmio, la perle des îles et des presqu'îles que compte Neptune dans la vaste étendue des deux mers et des lacs! J'ose à peine croire que j'ai quitté les champs de la Thrace et de la Bithynie, et que je puis sans crainte jouir de ton aspect.
Quel bonheur, lorsque, libre de soins, notre âme dépose le fardeau de l'ambition; lorsque, fatigués de nos lointains voyages, nous rentrons au sein de nos foyers domestiques, et que nous trouvons enfin le repos sur ce lit si longtemps regretté! Il suffit à mes vœux, ce bonheur, unique fruit de tant de travaux.
Salut, belle Sirmio, salut ! souris au retour de ton maître; vous aussi réjouissez-vous, eaux limpides du lac de Garde; que partout ma retraite retentisse des accents de la joie.
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