lundi 26 janvier 2009

Contre la persévérance et contre la gloire

Ce n'est pas moi qui suis contre la persévérance.
En revanche la gloire ne me dit rien.
La persévérance est en effet la seule de mes qualités (en ai-je plusieurs?) qui me permet de continuer à fréquenter le gym.
Je n'ai en effet jamais été doué pour les exercices physiques et les sports et ne les ai jamais aimés, excepté, pour certains sports, comme spectateur (il y a certainement un lien entre don et amour: on aime ce pour quoi on est doué).
Pourtant, depuis 1984 (avec une longue interruption de 7 ans jusqu'en 2003: il s'agissait d'implanter un doctorat en lettres à l'université où j'étais professeur, et cela a causé une détérioration de ma santé -l'excès de stress), je vais au gym, en général trois fois par semaine.
Une heure de cardio (sur trois appareils différents: bicyclette stationnaire, bicyclette allongée, machine à ramer) à chaque fois, et 7 exercices de musculation sur des appareils.
Ces séances sont comme un devoir pour moi car le plaisir de les accomplir ne vient jamais qu'au moment où je les ai terminées.
Mais je suis incapable de m'en passer car dès que je manque plus que trois séances je suis «entraîné» (faute d'«entraînement») dans des idées noires par mon tempérament naturellement mélancolique.
Bref, ce n'est pas par plaisir que je réussis (relativement) mes entraînements.
Relativement car c'est ainsi que je réussis à abaisser mon rythme cardiaque, mon taux de cholestérol (rassurez-vous docteur de Lorgeril: je conserve un taux dit «normal» de cholestérol sans prendre les méchantes statines des compagnies pharmaceutiques états-uniennes) et à hausser mon taux de production d'endorphines.

Mais quand je lis cette pensée d'Ambrose Bierce (vous allez voir, c'est lui qui est contre la persévérance), je ne puis que lui donner raison en me l'appliquant à moi-même:

La persévérance est une vertu obscure qui permet à la médiocrité d'obtenir un succès sans gloire.

Mais la gloire n'est pas une chose que j'espère ou que j'ai espérée: «Pour vivre heureux, vivons cachés», ai-je toujours répété en m'inspirant de la fable («Le Grillon») de Florian que vous ne connaissez sans doute pas (ni lui, ni elle, puisque le 18e siècle,- en particulier ses poètes et leur poésie-, a toujours été négligé dans l'enseignement de la littérature).
Florian (il y a son buste ci-dessus) a vécu à la fin du 18e siècle et il est considéré comme le meilleur fabuliste français après La Fontaine.
Voici sa fable.

Le grillon

Un pauvre petit grillon
Caché dans l'herbe fleurie
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie
L'insecte ailé brillait des plus vives couleurs
L'azur, le pourpre et l'or éclataient sur ses ailes.
Jeune, beau, petit-maître, il court de fleur en fleur,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents! dame Nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
Je n'ai point de talent, encor moins de figure;
Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici bas!
Autant vaudrait n'exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d'enfants.
Aussitôt les voilà courant
Après le papillon dont ils ont tous envie:
Chapeau, mouchoirs bonnets, servent à l'attraper.
L'insecte cherche vainement à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps;
Un troisième survient, et le prend par la tête:
Il ne fallait pas tant d'efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh! oh! dit le grillon, je ne suis pas fâché;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde!
Pour vivre heureux, vivons cachés.

2 commentaires:

orfeenix a dit…

En ce qui me concerne, je vous admire car étant moi même assez mélancolique, je m' adonne à ce penchant sans pratiquer de sport,quant à la médiocrité,elle est discutable car il faut en plus de persévérer être brillant pour enseigner à l'université! je ne suis qu'un petit prof de lycée pour ma part...
permettez moi de vous détromper, je connais les fables de Florian découvertes dans un beau livre d'images dont je me rappelle le singe et la lanterne magique, les deux sarcelles et tant d'autres!
Amicalement.

Jack a dit…

Inscrivez-vous dans un gym et soyez persévérante: vous verrez, c'est une source de bonheur.
Toute ma famille les fréquente: soit pour s'y entraîner sur des appareils (mon fils, sans être boxeur, pratique l'entraînement des boxeurs), soit pour des exercices de groupe (ma femme fait du «stretch-tonus» et du «gym-tonus» avec deux groupes).
Nous en tirons une énergie et une satisfaction profonde.

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