mercredi 1 octobre 2014

Le mont Parnasse

                     Crédits photo : Headr letwal

Ce sont les ruines d'un « tholos » ou temple circulaire de Delphes.

Ces ruines sont grandioses, surtout quand on sait que c'est en ces lieux que les Grecs de tout le monde antique venaient recevoir la réponse des dieux à leurs questions par la bouche de la Pythie.
Aussi bien les Grecs d'Anatolie, d'Égypte, de la Grande Grèce, en Italie ou en Sicile, de Massilia ou de Nice, aussi bien que ceux de la Grèce même et de toutes ses îles.
Delphes était le Vatican ou la Mecque des Grecs anciens.
Mais le plus magnifique c'est cette montagne que vous voyez en arrière-plan, le mont Parnasse, domaine d'Apollon et des Muses.
Le Parnasse dont j'avais lu le nom dans les poésies classiques, celle de Boileau par exemple, ou de Malherbe, et dont se réclamaient tous les poètes, même ceux du 19e siècle qui avaient fondé le « Parnasse » vers 1860.
Vous dire mon bonheur en le contemplant m'est impossible. 
Quoi, la poésie est donc vraie ?
Le voici, vu d'un peu plus loin, dans toute sa beauté majestueuse :

Et laissez-moi vous citer les premiers vers du chant I de l' « Art poétique » de Boileau où son autorité est invoquée (l'orthographe est d'époque) :

C'est en vain qu'au Parnasse un téméraire auteur
Pense de l'art des vers atteindre la hauteur :
S'il ne sent point du ciel l'influence secrète,
Si son astre en naissant ne l'a formé poëte,
Dans son génie étroit il est toujours captif :
Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif.
O vous donc qui, brûlant d'une ardeur périlleuse,
Courez du bel esprit la carrière épineuse,
N'allez pas sur des vers sans fruit vous consumer,
Ni prendre pour génie un amour de rimer :
Craignez d'un vain plaisir les trompeuses amorces,
Et consultez longtemps votre esprit et vos forces.
La nature, fertile en esprits excellens,
Sait entre les auteurs partager les talens:
L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme ;
L'autre d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme ;
Malherbe d'un héros peut vanter les exploits
Racan, chanter Philis, les bergers et les bois :
Mais souvent un esprit qui se flatte et qui s'aime
Méconnoît son génie, et s'ignore soi-même.
Ainsi tel autrefois qu'on vit avec Faret
Charbonner de ses vers les murs d'un cabaret,
S'en va, mal à propos, d'une voix insolente,
Chanter du peuple hébreu la fuite triomphante,
Et, poursuivant Moïse au travers des déserts,
Court avec Pharaon se noyer dans les mers.
Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime,
Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime :
L'un l'autre vainement ils semblent se haïr;
La rime est une esclave, et ne doit qu'obéir :
Lorsqu'à la bien chercher d'abord on s'évertue,
L'esprit à la trouver aisément s'habitue ;
Au joug de la raison sans peine elle fléchit,
Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit.

Mais lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle,
Et pour la rattraper le sens court après elle.
Aimez donc la raison : que toujours vos écrits
Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix ...


P. S. C'est à Delphes  que la guide Nelly m'a appris que ma prononciation du grec ancien était celle, erronée, qu'avait préconisée Érasme
Je prononçais « gnôthi séauton » alors que, selon elle, les Grecs anciens prononçaient « gnôthi séafton » (en n'oubliant pas de prononcer le « th » de « gnôthi » comme il se prononce en anglais, le bout de la langue entre les dents).
 C'est aussi là que ma femme et moi avons appris que la plupart des voyelles et des diphtongues se prononcent « i » en grec moderne et, en ce qui concerne les diphtongues, qu'elles n'existent pas, ni en grec moderne, ni en grec ancien.

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