samedi 31 mai 2008

Chambord en Québec


Chambord, village québécois au beau nom français, le village natal de mes parents.
Son beau nom il le porte pour de (peut-être) mauvaises raisons.
Son église est dédiée à saint Louis, roi de France. Et son nom est Chambord. Faites-vous le lien ?
Oui ou non, quelle que soit votre réponse je vous explique quand même (un professeur, même retraité, explique toujours, même si quelques-uns savent).

Officiellement le nom de Chambord a d'abord été Saint-Louis-de-Métabetchouan. Le nom « Chambord » fut subrepticement introduit dans la géographie par un arpenteur québécois mais partisan du comte de Chambord (qu'allait-il faire dans cette galère ?)
Qui était le comte de Chambord? Le petit-fils du dernier roi de France, Charles X, renversé en 1830 lors de la Révolution de Juillet.
Et le dernier de sa race car son mariage a été stérile.
Mais là n'est pas la question.

Chambord est né sous le patronage du dernier Bourbon français de la branche aînée.
Un type pas intelligent, confit en dévotions surannées (nous connaissons d'autres types de ce genre) et qui n'a pas pu récupérer la couronne de ses ancêtres -qu'on lui offrait sur un plateau- à cause de son obstination stupide (il préférait le drapeau royal blanc au tricolore).
J'ai passé de nombreux étés à Chambord dans mon enfance et au début de mon adolescence.
Il est lié dans ma tête (en vrac et avec beaucoup d'oublis que je réparerai plus tard dans d'autres notes de ce blogue, j'espère) aux grands jardins derrière chaque maison (celle de ma grand-mère maternelle et celle de ma tante Berthe, sa fille, à l'autre bout du village), aux énormes haies de framboisiers, aux framboises (que les abeilles nous disputaient), aux poules (et au coq), à la vache de ma grand-mère (et à la crème que ma grand-mère écrémait elle-même dans son écrémeuse et qui m'a donné à jamais le goût de la crème épaisse, seule ou sur les framboises, sur les petites fraises des champs ou sur les bleuets), aux petites fraises des champs, aux framboises des champs et aux noisettes qu'on allait ramasser avec mes cousines Suzanne et Denise, aux haies de cosmos, à la mer bleue formée par le Lac Saint-Jean qui occupait tout l'horizon toute la journée (photos en haut et en bas). À l'air bleu (bleu de France, bleu bourbon, bleu du ciel, bleu du lac, bleu de l'enfance et bleu du bonheur, peut-être illusoire bonheur et illusoire bleu).

Des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches.

Et voilà que le maire du beau village de mon enfance, respectueux de toutes les croyances, au lieu de faire une prière qui se conformerait à ses seules croyances à lui au début de la séance du conseil municipal, va demander plutôt une minute de recueillement où chacun pourra prier ou méditer selon ses croyances (ou incroyances) personnelles.
Chambord n'a pas seulement un beau nom, digne du château qui porte le même nom en France (il est si beau que je vous en présente une photo en bas, sous la photo satellitaire du Lac Saint-Jean).
Il a aussi des habitants (et un maire) respectueux d'autrui, aimant leur prochain autant qu'eux-mêmes (vrais disciples de Jésus, même les peu nombreux incroyants parmi eux), intelligents et dignes. Surtout sans hystérie et sans clownerie de politicien.
Je vais prendre des photos de quelques lieux de Chambord cet été, que je vous présenterai éventuellement.

C'est le Lac Saint-Jean bleu qui donne gratuitement son eau bleue au Saguenay. Espérons que ses bonnes idées suivront le même chemin.
Et voici en bas le château de Chambord. Les légitimistes français l'ont acheté et offert au dernier descendant de la branche aînée des Bourbons. Pour les remercier, celui-ci a pris le nom de « comte de Chambord ». Le comte de Chambord, par l'intermédiaire d'un légitimiste québécois (qu'allait-il donc faire dans cette galère ?), a donné son nom au lointain petit village du Lac Saint-Jean.


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