mercredi 17 septembre 2008

Les Nuages


Il y a un très beau «petit poème en prose» de Charles Baudelaire que je voudrais vous faire connaître maintenant que j'en ai le loisir:

- Qui aimes-tu le mieux, homme enigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis?
-Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!

Ce que l'étranger aime c'est la forme indécise et toujours changeante des nuages, qui permet l'exercice libre de l'imagination.
Ce poème est la métaphore de la création.

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