samedi 6 septembre 2008

Nuit magique, Beethoven, Kuerti, «Clair de lune»: un dieu dans une église


C'est à ce qu'on a cru, un instant, être un malheureux hasard que j'ai dû de vivre l'un des plus grands moments de ma vie.
C'était en 2001, au Rendez-vous musical de Laterrière de cette année-là, dans la magnifique petite église que vous connaissez déjà (photo d'hiver sépia de cette église ci-dessous).


Le pianiste André Laplante devait y jouer la dernière pièce du concert -je ne me souviens plus laquelle- mais il s'était blessé au pouce et il était dans l'impossibilité de jouer.
Mais tout à coup, après que Monique Miller, mise en scène par Serge Denoncourt, ait lu des textes sur le thème de la nuit (puisque c'était la fête de la nuit qu'on célébrait ce soir-là) de Serge Gainsbourg, de Paul Verlaine, de Charles Baudelaire, de Jacques Brel, d'Émile Nelligan et de Michel Tremblay, qu'on ait interprété « La Nuit transfigurée » d'Arnold Schoenberg, « Round Midnight » de Thelonious Monk (par François Carrier et Alain Trudel) et des extraits de Marin Marais par Margriet Tindemans (à la viole de gambe), tout à coup apparaît dans le choeur illuminé, quasi irréel de l'église, Anton Kuerti (là-haut) qui « remplace » André Laplante et, nous annonce-t-on, va interpréter pour nous la sonate opus 27, 

 « Clair de lune » de Beethoven.
Voici ce que ma femme, Denise Pelletier, écrivait le surlendemain (13 août 2001) dans « Le Quotidien » pour lequel elle couvrait le récital :


Son interprétation de cette oeuvre si souvent jouée, reprise, adaptée, modifiée, galvaudée pour tout dire, était tellement lumineuse qu'on a eu l'impression de l'entendre pour la première fois.
Dès les premières notes, tout le monde a compris qu'il se passait quelque chose d'exceptionnel et retenu son souffle du début à la fin de cette performance à la fois éblouissante et intelligente offerte par Anton Kuerti.

Ce grand moment de ma vie a eu lieu le samedi 11 août 2001 et je puis dire qu'effectivement, pendant cet ultime moment de cette soirée que ma femme journaliste a pu appeler «nuit magique», j'ai senti, pour la première fois de ma vie peut-être, la présence d'un dieu dans une église.
Peut-être que si des artistes interprétaient toujours, dans les églises, les grandes œuvres qui ont été composées depuis plus de mille ans pour y être jouées, peut-être qu'un dieu y serait, comme ce soir-là, toujours présent.
Je n'ai malheureusement pas de vidéo de l'interprétation de la sonate « Clair de lune » par Anton Kuerti, ni de ce soir-là, ni d'une autre fois.
Mais j'ai trouvé sur YouTube celle de Wilhelm Kempff que je vous offre (elle est en 3 mouvements).

 
1. Adagio sostenuto




2. Allegretto




3. Presto agitato


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