Et celui qu'Ossip Mandelstam appelait « Le Géorgien » s'y connaissait en proverbes russes (car ce qu'il dit dans le phylactère est un proverbe russe) et, surtout en code de lois parfait dont, sur ses instructions silencieusement transmises, aucun juge n'aurait osé faire bénéficier un accusé que Staline avait d'avance condamné.
C'est donc le juge qu'il fallait craindre, non la loi.
Paul Éluard le savait aussi, en 1949, quand, pour fêter le 70e anniversaire de cette ordure, avec d'autres artistes et écrivains français, il l'avait divinisée dans ce poème, peut-être sincèrement (ô horreur!), peut-être pour se dédouaner au cas où les armées soviétiques avaient déferlé sur la France ou, peut-être, comme Aragon, pour obtenir des prébendes du Parti communiste français) :
Évidemment, les mots français, comme ceux de toutes les langues, avaient l'habitude d'être avilis dans la louange méprisable de Dieu, de ses saints, de ses papes, de ses rois, de ses ministres, etc. (ils s'avilissent aujourd'hui dans la louange indécente d'indignes présidents de république -voir ici).
Mais jamais on ne les avait entraînés aussi bas dans l'avilissement*.
Heureusement, en Union soviétique stalinienne, au péril de sa vie, le poète Mandelstam (photo à droite) avait, en 1933, d'avance contrebalancé les bassesses du poète français, préservant ainsi la liberté et la dignité de la poésie:
* Heureusement aucun d'entre eux n'a été en contact avec l'immonde bouche d'Adolf Hitler ou de l'un de ses sbires car il aurait fallu alors l'éradiquer de la langue.
C'est donc le juge qu'il fallait craindre, non la loi.
Paul Éluard le savait aussi, en 1949, quand, pour fêter le 70e anniversaire de cette ordure, avec d'autres artistes et écrivains français, il l'avait divinisée dans ce poème, peut-être sincèrement (ô horreur!), peut-être pour se dédouaner au cas où les armées soviétiques avaient déferlé sur la France ou, peut-être, comme Aragon, pour obtenir des prébendes du Parti communiste français) :
Joseph Staline
Les hommes surgissaient d’un lointain paysage
Ils avaient tous du cœur mais ils perdaient leurs forces
Ils s’embrumaient et rêvant d’or étaient de plomb
Les hommes surgissaient de leur enfance naine
Arriérés retardés ils adoraient les nuages
Misère charité leur paraissaient sacrées
Ô mes semblables morts anciens ou nés d’hier
Visages de santé qu’a vieillis l’esclavage
Vos besoins vous donnaient le désir d’être libres
Le désir d’être heureux le désir d’être forts
Forts avec la douceur d’une vitre très claire
Qui ne trouble pas l’onde où se reflète un frère
Et mille et mille frères ont porté Karl Marx
Et mille et mille frères ont porté Lénine
Et Staline pour nous est présent pour demain
Et Staline dissipe aujourd’hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d’amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite
Grâce à lui nous vivons sans connaître d’automne
L’horizon de Staline est toujours renaissant
Nous vivons sans douter et même au fond de l’ombre
Nous produisons la vie et réglons l’avenir
Il n’y a pas pour nous de jour sans lendemain
D’aurore sans midi de fraîcheur sans chaleur
Staline dans le cœur des hommes est un homme
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir sur la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.
Évidemment, les mots français, comme ceux de toutes les langues, avaient l'habitude d'être avilis dans la louange méprisable de Dieu, de ses saints, de ses papes, de ses rois, de ses ministres, etc. (ils s'avilissent aujourd'hui dans la louange indécente d'indignes présidents de république -voir ici).
Mais jamais on ne les avait entraînés aussi bas dans l'avilissement*.
Heureusement, en Union soviétique stalinienne, au péril de sa vie, le poète Mandelstam (photo à droite) avait, en 1933, d'avance contrebalancé les bassesses du poète français, préservant ainsi la liberté et la dignité de la poésie:
Distiques sur Staline
(traduction de François Kérel)
Nous vivons sans sentir sous nos pieds de pays,
Et l’on ne parle plus que dans un chuchotis,
Si jamais l’on rencontre l’ombre d’un bavard
On parle du Kremlin et du fier montagnard.
Il a les doigts épais et gras comme des vers
Et des mots d’un quintal précis comme des fers.
Quand sa moustache rit, on dirait des cafards,
Ses grosses bottes sont pareilles à des phares.
Les chefs grouillent autour de lui- la nuque frêle.
Lui, parmi ces nabots, se joue de tant de zèle.
L’un siffle, un autre miaule, un autre encore geint-
Lui seul pointe l’index, lui seul tape du poing.
Il forge des chaînes, décret après décret...
Dans les yeux, dans le front, le ventre et le portrait.
De tout supplice sa lippe se régale.
Le Géorgien a le torse martial.
* Heureusement aucun d'entre eux n'a été en contact avec l'immonde bouche d'Adolf Hitler ou de l'un de ses sbires car il aurait fallu alors l'éradiquer de la langue.
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