«La mort de Socrate» par David
Selon le calendrier républicain français, c'est aujourd'hui le jour de la ciguë.
Traditionnellement, la ciguë est considérée comme le poison par lequel Socrate a été mis à mort après avoir été condamné pour «corruption de la jeunesse», c'est-à-dire pour avoir dit la vérité à la jeunesse sur la morale et les fondements pervers de la loi de la cité et avoir ainsi déplu aux maîtres dictatoriaux de celle-ci (les maîtres de la cité en sont toujours les dictateurs).
Voici le récit, par Platon, de la mort de Socrate, une mort aussi mythique et sacrée que celle de Jésus-Christ sur la croix, et moins pernicieuse car elle n'a donné lieu à la fondation d'aucune religion et, par conséquent, à aucune persécution ni à aucune mise à mort au nom de commandements présumés d'origine divine (comme Jésus-Christ lui-même l'aurait sans doute souhaité pour sa propre mort)*:
Après avoir marché, il dit que ses jambes s'alourdissaient et se coucha sur le dos, comme l'homme le lui avait recommandé. Celui qui lui avait donné le poison, le tâtant de la main, examinait de temps à autre ses pieds et ses jambes; ensuite, lui ayant fortement pincé le pied, il lui demanda s'il sentait quelque chose. Socrate répondit que non. Il lui pinça ensuite le bas des jambes et, portant les mains plus haut, il nous faisait voir ainsi que le corps se glaçait et se raidissait. En le touchant encore, il déclara que quand le froid aurait gagné le cœur, Socrate s'en irait. Déjà la région du bas-ventre était à peu près refroidie lorsque, levant son voile, car il s'était voilé la tête, Socrate dit, et ce fut sa dernière parole : « Criton, nous devons un coq à Asclepios; payez-le, ne l'oubliez pas. — Oui, ce sera fait, dit Criton, mais vois si tu as quelque autre chose à nous dire. » A cette question il ne répondit plus; mais quelques instants après il eut un sursaut. L'homme le découvrit : il avait les yeux fixes. En voyant cela, Criton lui ferma la bouche et les yeux.
* Il est à noter que la doctrine de Socrate, comme la doctrine de Jésus-Christ, ne nous est connue que par les écrits de disciples, Platon et Xénophon, notamment.
Ni Socrate, ni Jésus-Christ n'ont écrit eux-mêmes.
Mais à la différence des disciples de Jésus-Christ, du moins de ceux qui ont rédigé les Évangiles (on sait maintenant que ce ne sont pas les apôtres), les disciples de Socrate l'ont connu directement.
Les témoignages au sujet de Jésus-Christ sont de deuxième ou de troisième générations, les témoignages au sujet de Socrate sont des témoignages directs.
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