dimanche 3 août 2008

Oui. On nous oubliera.

Une citation des Trois Sœurs d'Anton Tchekhov (à gauche, dans un tableau de 1898 par Osip Braz) qu'Annie Ernaux (en bas) met comme épigraphe à son plus récent livre, Les Années, que je suis en train de lire:
 

Oui. On nous oubliera. C'est la vie, rien à faire. Ce qui aujourd'hui nous paraît important, grave, lourd de conséquences, eh bien, il viendra un moment où cela sera oublié, où cela n'aura plus d'importance. Et, c'est curieux, nous ne pouvons savoir aujourd'hui ce qui sera un jour considéré comme grand et important, ou médiocre et ridicule…

Je crains d'y voir la vérité.
Et le livre d'Ernaux est extrêmement original, très littéraire, mélange inédit de George Perec (Je me souviens) et de roman réaliste (genre un peu Les Choses, de Perec également) et de Proust inversé si je puis dire: le soi révélé dans les flux de pensées de tous. Il y a forte conscience des courants auxquels le livre s'intègre comme une voix singulière se fond dans un chœur: ceux de Joyce, Stendhal, Proust, Perec, Duras, etc.
Et des mises en abyme des textes de ceux-ci (il y a un «Temps retrouvé» notamment, à la fin, où le livre maintenant écrit (et lu) est imaginé et présenté comme à écrire)
Je le citerai à nouveau et en reparlerai.

1 commentaire:

ursule Cimon a dit…

J'avais beaucoup aimé "Les années", j'avais eu l'impression de m'y retrouver un peu, d'y retrouver "mon" époque, et suite à ce que tu écris, je pense que je vais relire...

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