lundi 4 août 2008

Jean-Paul II et Madonna -la société du spectacle

Une citation du roman « Les Années » d'Annie Ernaux où est décrit ce que le flux de l'opinion publique pense, vers 1980, de la situation de l'Église catholique en France et en Occident à partir de l'élection de Jean-Paul II, et de la tournée de spectacles qu'a constituée le pontificat de celui-ci :

L'Église ne terrorisait plus l'imaginaire des adolescents pubères, elle ne réglementait plus les échanges sexuels et le ventre des femmes était sorti de son emprise. En perdant son champ d'action principal, le sexe, elle avait tout perdu. Hors du cours de philo, l'idée de Dieu n'était ni franchement valable, ni sérieuse à débattre. Dans le bois d'une table, au collège, un élève avait écrit Dieu existe j'ai marché dedans.
La célébrité du nouveau pape polonais n'y changeait rien. C'était le héros politique de la liberté occidentale, un Lech Walesa à l'échelle mondiale. Son accent de l'Est, sa robe blanche, ses «n'ayez pas peur» et sa façon de baiser la terre en descendant d'avion faisaient partie du show comme le lancer de culotte des concerts de Madonna.
 

Cette situation ne changera pas dans un avenir prévisible selon moi. Car les Églises ne se recentrent pas sur autre chose que la sexualité, probablement parce qu'elles ne le peuvent pas, comme les partis uniques des pays totalitaires d'ailleurs, car elles sont, comme eux, des organisations de masse, fondées sur des mouvements d'ensemble et des désirs communs, et que le sexe, comme le désir, est personnalisant et créateur et sépare les personnes de la masse.
Le sexe est délinquant. Il est l'ennemi des organisations et des mouvements de masse. Ennemi des Églises et des partis totalitaires (peut-être de toute organisation).
Et il ne se laissera jamais réduire au service de l'organisation, c'est-à-dire à la procréation.

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