jeudi 3 avril 2008

Paires d'yeux bleus

Voici trois paires d'yeux bleus aujourd'hui, que je tire de ma réserve. Ces yeux ne valent pas par leur transparence mais par leur couleur, presque la même dans les trois cas, la couleur d'appétissants petits fruits que nous appelons au Québec des bleuets. Pour insister encore sur notre commune origine, nous les humains, eux les chats, eux les fruits.
La dernière paire appartient, comme vous le voyez, à un siamois. Nos familles ont compté deux siamois parmi elles: Zorro, pendant 12 ans, Shogun, pendant 6 ans. Shogun était le frère de Zoé, la belle Zoé aux yeux d'or.



Et voici un poème sur les yeux de Sully Prudhomme, un poète français bien oublié qui a été pourtant le premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901.
Le prestige de la littérature française était si grand à cette époque que l'Académie suédoise a cru qu'il fallait décerner le premier Nobel à un Français, même poète mineur (il passait à l'époque pour un grand poète à cause de ce prestige).

Les Yeux

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore
.
Les nuits, plus douces que les jours,
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours,
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux,
Les yeux qu'on ferme voient encore.


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