mardi 31 mars 2009

Température du 31 mars 2009 à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Ce qu'on cache

Vous remarquez ce qu'on cache dans cette magnifique affiche de Michel Gyarmaty (c'est ainsi orthographié sur l'affiche) qui date de 1936 (et doit être, par conséquent, de quelque manière, «art déco»).
Non ce ne sont ni le sexe ni les seins que l'on cache eux aussi derrière ces jolis bouquets de plumes.
Non, ce qu'on cache surtout c'est la peau noire, en la blanchissant à l'extrême.
Sans doute pour ne pas faire fuir la clientèle -déjà surtout étasunienne, et toujours raciste en ces années-là (elle l'est à peine moins maintenant malgré l'élection d'Obama mais de manière plus hypocrite, plus honteuse).
Elle est si blanchie cette peau qu'on la croirait bronzée.
On dirait un maquillage doré.
On cache ce qu'on peut ne pas aimer sans désapprobation, la peau noire ici (mais ceux qui la détestent ne pourraient plus la cacher maintenant, seulement la haïr en silence, ce qu'ils font).
On cache ce qui nous déplaît, comme les Chrétiens qui cachent la circoncision de celui qu'ils prétendent le fondateur de leur religion.
Car cela le définirait comme Juif et comme quelqu'un qui n'a jamais pratiqué la religion dont on lui attribue la fondation, qui n'a jamais été « chrétien », comme quelqu'un qui a toujours pratiqué le judaïsme, comme sa mère, son père, ses ancêtres. Et comme les descendants de ses compatriotes le font aujourd'hui encore.
Comme lui-même le ferait sans doute encore aujourd'hui s'il vivait de nos jours.

Irlande partout, Irlandais nulle part

Je trouve suspect cet acharnement à transformer en Irlandais tous les êtres qui existent, lors de la Saint-Patrick. Cherche-t-on à cacher qu'en réalité, comme on peut le constater en Irlande, les véritables Irlandais (ceux qui parlaient Irlandais) ont tous été victimes du génocide?
Ou alors, les Anglais continuent d'insulter de manière posthume ceux qu'ils ont fait disparaître en insinuant que ce sont des «chiens» comme ci-dessus.
Et si au moins ce chien était un «setter irlandais» on ne pourrait pas critiquer.

lundi 30 mars 2009

Température du 30 mars 2009 à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Le Lecteur et l'Écrivain

Voici ce qu'écrit Proust dans un texte que des critiques, -non pas lui-, ont intitulé, bien après sa mort, «Contre Sainte-Beuve» et par lequel, sans même trop le savoir, il commençait à créer «À la Recherche du temps perdu»:

... grâce à cette admirable invention de Balzac d'avoir gardé les mêmes personnages dans tous ses romans [...], l'idée de génie de Balzac, ... (c)es rapports nouveaux aperçus brusquement par le génie entre les parties séparées de son œuvre qui se rejoignent, vivent et ne pourraient plus se séparer [...], (c')est un rayon qui a paru, qui est venu se poser à la fois sur diverses parties ternes jusque-là de sa création, fait vivre, illuminées ...

Ce que Proust commence à découvrir dans Balzac, ce qu'il avait depuis longtemps pressenti, c'est le principe fondamental de l'œuvre qu'il conçoit à ce moment.
Par cette lecture-création il transforme ainsi Balzac (qui n'est pas un naturaliste, mais qui l'est?), en redécouvrant et en plaçant devant les yeux de tous ce que celui-ci avait eu conscience d'avoir fait: une seule grande œuvre rendue infinie par «le retour des personnages*».
Ce «retour des personnages» c'est le principe pour ainsi dire restreint (comme on dit à propos d'Einstein «la relativité restreinte») que Proust transformera en principe général (comme on dit «la relativité générale») dans La Recherche où ce sont non seulement les personnages qui font retour -à la fois semblables et infiniment différents d'une de leurs apparitions à l'autre, d'une différence parfois foudroyante- mais les objets (fleurs, vêtements, accessoires, et.), les bâtiments (églises, villas, châteaux, hôtels, appartements, etc.), les paysages, les climats, les saisons, les villes et que sais-je encore.
Le roman de la magie et de la métamorphose des êtres et des choses, mis à jour dans «La Comédie humaine» (et, sans doute auparavant, dans «Les Mémoires» du duc de Saint-Simon) et explosant de manière grandiose dans «À la recherche du temps perdu».
En réalité c'est le principe fondamental de toute la littérature (roman, poésie, théâtre, essai, etc.) que Proust faisait ainsi éclater devant les yeux de tous, le principe de toute grande œuvre.


* C'est l'équivalent de la rime et de toutes les règles qui président à la réitération, au retour des éléments dans la poésie.

dimanche 29 mars 2009

Température du 29 mars 2009 à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

L'œuvre et l'œil

Un peu par hasard, un peu délibérément, je suis tombé aujourd'hui sur deux tableaux de Georges Seurat, l'un des fondateurs du «Pointillisme».
D'abord sur cette «Tour Eiffel», peinte en 1889:

Puis sur cette «Plage à Gravelines» peinte l'année suivante:

Et en les regardant l'un après l'autre, j'ai eu l'impression d'assister en direct au passage du figuratif au non-figuratif en peinture.
J'ai eu l'impression de lire dans la «Plage» -qui ne comporte presque aucun élément figuratif contrairement à la «Tour Eiffel»- un appel ardent mais silencieux au non-figuratif.
Un appel qui n'ose pas se déclarer encore car le peintre donne un titre que l'on pourrait dire figuratif au tableau.
Mais il y peint néanmoins des suites plus ou moins ordonnées de taches de couleurs qui, si on oublie le titre, paraissent n'être que cela, des suites plus ou moins ordonnées de taches de couleurs.
Sans le titre, qui est, en quelque sorte, un geste d'appropriation du tableau par le peintre, le spectateur, disons le lecteur du tableau, serait libre d'y former du sens, des significations multiples puisque rien, -en tous cas aucun discours préalable sur l'œuvre-, ne viendrait plus limiter son observation et sa créativité.
Car l'art non figuratif c'est la prise du pouvoir sur le tableau par le spectateur, la mort du peintre, comme la «mort de Dieu» que proclamait Nietzsche au moment où ces tableaux ont été peints.

Mort de Dieu, mort du peintre, mort de l'auteur (en littérature).
Restent l'œuvre et l'œil qui la contemple et la fait signifier.
L'œuvre nue et l'œil qui la vêt.

samedi 28 mars 2009

Température du 28 mars 2009 à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Rachmaninov-28 mars 1943

C'est aujourd'hui l'anniversaire du décès de Serge Rachmaninov (ci-haut), l'un de mes compositeurs favoris.
J'ai cherché une grande partie de la journée (mais je me hâtais lentement) une bonne vidéo du 1er mouvement (moderato) du 2e concerto pour piano en do mineur (opus 18) (il y en a une analyse au bout de ce lien) mais je dois me contenter de celle que je vais vous présenter: à toutes celles que j'ai trouvées il manquait quelque chose à la fin, y compris à celle que je vous présente mais c'est à elle qu'il en manque le moins.
La première fois que j'ai entendu ce mouvement c'est à Aix-en-Provence sur France Musique, un dimanche soir alors que la nuit tombait sur un autre beau jour de Provence sans que «l'oiseau* de Minerve prenne son envol» comme écrivait Hegel.

Le voici, interprété par Alexis Weissenberg et le Philharmonique de Berlin sous la direction d'Herbert von Karajan (donc avant 1989, année de la mort de celui-ci):


* C'est une chouette, cet oiseau, et un de mes animaux favoris. Je vous présenterai un jour ma collection de spécimens de divers matériaux rapportés d'un certain nombre de pays (je le préfère sculpté plutôt que vivant, vous l'aurez deviné).

vendredi 27 mars 2009

Température du 27 mars 2009 à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Starmania Opéra et Opéra rock

Ma femme a réussi à rédiger son compte rendu de la représentation de Starmania en version «opéra» qu'elle a vue la semaine dernière (mercredi 18) à Montréal.
Je vous y renvoie comme promis (cliquez ici), il est très instructif selon moi.
Quant à moi je reste sur mes positions, je préfère la version «
opéra rock» et je vous présente la vidéo de sa chanson éternelle («Le Blues du businessman») avec Claude Dubois, son premier et meilleur interprète (et il est ici très jeune, vous allez le constater), ainsi que les paroles de celle-ci:



Le Blues du businessman

Paroles: Luc Plamondon
Musique: Michel Berger

{Récitatif}
J'ai du succés dans mes affaires
J'ai du succés dans mes amours
Je change souvent de secrétaire
J'ai mon bureau en haut d'une tour
D'où je vois la ville à l'envers
D'où je contrôle mon univers
J'passe la moitié d'ma vie en l'air
Entre New York et Singapour
Je voyage toujours en première
J'ai ma résidence secondaire
Dans tous les Hilton de la Terre
J'peux pas supporter la misère.

{Choeurs}
Au moins es tu heureux?

{Chant}
J'suis pas heureux mais j'en ai l'air
J'ai perdu le sens de l'humour
Depuis qu'j'ai le sens des affaires.
J'ai réussi et j'en suis fier
Au fond je n'ai qu'un seul regret
J'fais pas c'que j'aurais voulu faire.

{Choeurs}
Qu'est ce que tu veux mon vieux!
Dans la vie on fait ce qu'on peut
Pas ce qu'on veut.

{Chant}
J'aurais voulu être un artiste
Pour pouvoir faire mon numéro
Quand l'avion se pose sur la piste
A Rotterdam ou à Rio
J'aurais voulu être un chanteur
Pour pouvoir crier qui je suis
J'aurais voulu être un auteur
Pour pouvoir inventer ma vie
Pour pouvoir inventer ma vie

J'aurais voulu être un acteur
Pour tous les jours changer de peau
Et pour pouvoir me trouver beau
Sur un grand écran en couleur
Sur un grand écran en couleur

J'aurais voulu être un artiste
Pour avoir le monde à refaire
Pour pouvoir être un anarchiste
Et vivre comme un millionnaire
Et vivre comme un millionnaire

J'aurais voulu être un artiste....
Pour pouvoir dire pourquoi j'existe.

Artémis ou l'humanité? Une biche ou la Nature? Quoi encore?

C'est le deuxième coup de cœur de Marc Mayer dans la collection du musée dont il est le nouveau directeur à Ottawa (voir le début de l'histoire ici)
Je ne trouve pas cette sculpture particulièrement belle au point de vue esthétique malgré le fait que les figures soient sculptées selon les canons de l'art classique.
Mais leur disposition n'est pas classique et donne une impression de vulgarité.
Je crois que ce n'est pas vraiment ce que recherche l'art moderne, la beauté.
Il y a très souvent quelque chose qui choque, voire répugne, à prime abord dans cet art.
Ou scandalise. Ou indigne.
Mais il y a quand même du sens qui s'en échappe, si je puis dire, si l'œil d'un spectateur s'en mêle.
Est-ce ici une reprise, -inversée- du mythe d'Artémis et d'Actéon?

Artémis et le cerf, sculpture hellénistique du Louvre

Dans ce mythe Artémis transforme Actéon en cerf et le livre à ses chiens parce qu'il l'a vue nue au sortir du bain.
Il y a une mise à mort.
Dans la sculpture de Kiki Smith, il y a don de vie : la biche (femelle du cerf) donne naissance à une femme qui pourrait à la rigueur être Artémis (l'objection principale est qu'elle est nue comme ne l'était jamais la déesse).
Mais c'est une voie intéressante d'interprétation.
Une autre, plus moderne: la nature (symbolisée par la biche) donne naissance à l'humanité, la femme nue.

L'humanité représentée par une femme plutôt que par un homme comme dans l'art « classique ».
Ces deux interprétations ne sont pas les seules possibles, évidemment.
Cela montre que cette œuvre est une œuvre d'art car c'est une caractéristique de l'art que de susciter une multiplicité de sens, infiniment.
Et puisqu'il a été question d'Artémis je m'en voudrais de ne pas vous présenter ici le poème de Gérard de Nerval qui s'intitule « Artémis », dont l'interprétation est plus problématique encore que la sculpture dont je viens de parler:

Artémis

La Treizième revient... C'est encor la première;
Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment:
Car es-tu Reine, ô Toi! la première ou dernière?
Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant? ...

Aimez qui vous aima du berceau dans la bière;
Celle que j'aimai seul m'aime encor tendrement:
C'est la Mort - ou la Morte... Ô délice! ô tourment!
La rose qu'elle tient, c'est la Rose trémière.

Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au cœur violet, fleur de sainte Gudule,
As-tu trouvé ta Croix dans le désert des cieux?

Roses blanches, tombez ! vous insultez nos Dieux,
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle:
- La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux!


jeudi 26 mars 2009

Température du 26 mars 2009 à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Aucun de nous n'en sortira vivant

Extrait d'un petit récit en anglais que je lisais ce soir:

Mother touched my cheek, bringing my gaze down to hers. The smile she gave
me was the one she'd put me to bed with when I was a child, warm, loving, accepting. She pulled my face down and kissed my cheek. "Don't take life so seriously all the time, sweetheart. None of us will be getting out of this alive."


Je traduis les deux dernières phrases qui ont particulièrement retenu mon attention, vous allez voir pourquoi.
C'est ce qu'une mère dit à son fils (il a 30 ans) au moment où elle va le quitter au terme d'une soirée dans une ambassade:

Ne prends pas toujours la vie avec autant de sérieux, chéri. Aucun de nous n'en sortira vivant.

Hôtel « art déco » et autres considérations

J'aime particulièrement l'« Art déco ».
Évidemment, en tant que « proustien », je devrais préférer l'« Art nouveau ».
J'aime aussi l'« Art nouveau » (et je l'ai longtemps préféré) mais (maintenant) moins que l'« Art déco », je ne sais pourquoi.

Quelque chose dans l'« Art déco », comme une nostalgie, me plaît davantage, peut-être à cause de mon enfance à la fin des années quarante et au début des années cinquante, dans une province du Québec relativement éloignée des grands centres (particulièrement de Montréal) où cet art avait encore le haut du pavé, si je puis dire.
Il faut dire qu'à cause de la guerre (la seconde mondiale), pendant laquelle ceux qui font les modes et les arts étaient occupés à autre chose, l'« Art déco » n'avait pas pu être remplacé par un autre « art ».

J'écoute presque avec extase ces films produits par la BBC mettant en scène le détective favori d'Agatha Christie, Hercule Poirot, et dont les épisodes se déroulent dans les années trente dans de merveilleux décors « Art déco ». J'écoute ces films non pas tellement pour l'intrigue mais pour les décors, vous l'aurez deviné.
À Montréal, récemment, j'ai pourtant revu une production de l'« Art nouveau » dont j'avais vu des exemplaires à Paris lors de mes séjours à partir du début des années soixante-dix: un édicule Guimard dont la Ville de Paris avait fait don à la Ville de Montréal lors de l'Exposition universelle de 1967.

Elle m'a bien plu.
Le voici dans diverses saisons et sous divers aspects servant d'entrée à la station « Square Victoria  » du métro de Montréal (ainsi nommée en l'honneur de la vénérée majesté anglaise du 19e siècle) .

Deux vues de l'édicule dans son environnement montréalais



Vue d'hiver (l'édicule a sans doute froid, peu habitué qu'il est à de telles températures)

Le soir

Le nom de la station montréalaise en caractère «Art nouveau»



Mais il y a dans la ville de Québec un hôtel-boutique -le Royal William- occupant un bâtiment érigé pendant les années trente et ayant épousé le style « Art déco » dans les années quatre-vingt-dix.
L'hôtel (dit-on) a été nommé ainsi en l'honneur d'un navire à vapeur construit à Québec vers 1830 et qui fut, en 1833, le premier navire à vapeur à traverser l'Atlantique (en 22 jours) en ne comptant que sur la vapeur.
(Je crois que le fait que l'héritier en seconde ligne des couronnes britannique, canadienne et québécoise s'appelle « prince William » a un peu joué dans le choix de ce nom: les habitants de la ville de Québec ont toujours été, ce me semble, plus monarchistes que le reste de la population du Québec et, sans doute, les propriétaires de l'hôtel comptaient, avec ce nom, attirer une clientèle touristique britannique et américaine friande de péripéties royales).
Je descendais souvent dans cet hôtel au cours des années quatre-vingt-dix et et deux mille, lors de réunions que nous avions au siège de l'Université du Québec, situé tout près, sur le Jardin Saint-Roch, afin de discuter des modalités de l'implantation d'un doctorat commun en lettres dans trois des constituantes de cette université, dont celle où j'étais professeur de littérature, l'Université du Québec à Chicoutimi (les discussions avaient lieu avec des collègues de l'Université du Québec à Rimouski et de l'Université du Québec à Trois-Rivières).
Je vais vous présenter des photos de cet hôtel et de son voisinage afin de vous permettre de juger de son style (ces photos sont empruntées au site de l'hôtel auquel appartiennent les droits).



Le Jardin Saint-Roch avec à droite les bâtiments de diverses constituantes et du Siège de l'Université du Québec. Les deux clochers -plutôt au centre- sont ceux de l'église Saint-Roch qui a donné son nom au Jardin et au quartier


La façade de l'hôtel (je vous la présente à nouveau) dans une prise de vue dramatique bien dans l'esprit de l'« Art déco »



Deux vues du hall de l'hôtel dont l'une à travers le verre de la porte (bien « Art déco » aussi comme prise de vue)



Le hall



Le Restaurant Sainte-Victoire, salle à manger de l'hôtel, maintenant disparu (2012). Je ne suis pas sûr que ce nom (« Sainte-Victoire ») ne doive pas être mis en relation avec le nom « Victoria » («victoire» en latin), nom de cette reine dont j'ai parlé tout à l'heure et qui, coïncidence (?), succéda à un roi William (Guillaume IV en français) sur les trônes de ses ancêtres: « Royal William », « Victoria », « Sainte-Victoire », vous voyez ?


Le piano jazz, esprit années trente (le swing). Le jazz compte pour beaucoup dans ma dilection pour l'« Art déco ».
Salle de réunion/réception


Deux vues de chambres

mercredi 25 mars 2009

Température du 25 mars 2009 à Saguenay

Matin---------------------------------------Après-midi

Deux images de Venise et de ses îles, et une chanson

Voici Venise vue du ciel (par la NASA). Elle a l'aspect de deux gros poissons (si l'on ne compte pas les îles de San Michele et de Murano à droite) dont l'un a le Grand Canal comme branchie.

Et voici une suite de maison colorées si représentative (de Burano particulièrement) avec sa corde à linge comme on dit au Québec. Elle a été envoyée au journal « Libération » par un de ses lecteurs. S'il s'identifie, je donnerai volontiers son nom.

Devant toutes ces beautés, -géographiques, familières, métaphoriques-, on préfère s'imaginer que la chanson interprétée par Frida Bocarra est mensongère et que Venise, contrairement à la mythique cité d'Ys, ne sera pas engloutie par les eaux indifférentes :


Voici les cruelles paroles de cette chanson:
VENISE VA MOURIR
Paroles: Eddy Marnay
Musique: Stelvio Cipriani
1970


Venise va mourir un jour
Venise va mourir
Je ne peux pas imaginer
Sans un soupir
Qu'un jour Venise au fond de l'eau
Verra passer tous les bateaux
Comme une épave de lumière
Un roman sous la mer
Venise a des blessures
Sur chaque pierre de chaque mur
Des sérénades à faire pleurer
Le monde entier
Venise a des colombes
Qui ont choisi ce coin du monde
Et qui un jour ne sauront plus
Où se poser, jamais, jamais
Venise va mourir un jour
Venise va mourir un jour
On voit, en plein hiver,
S'ouvrir la mer
Et puis Venise disparaît
C'est comme si tu me disais
Qu'un jour la terre à son réveil
Perdait son soleil
Venise m'appartient
Tous ses palais, tous ses jardins
Ses cathédrales et ses clochers
Doivent rester
Parce que Venise a trop d'amants
Qui meurent un peu en se disant
On vit d'amour et que Venise va mourir
Un jour, un jour, un jour

Couleurs de Marcelle Ferron

Ci-haut (et en bas) le bandeau coloré que je consacre à la peintre et sculpteure Marcelle Ferron.
Voici l'histoire qui concerne celle-ci.
Il y a deux semaines, paraît un article dans « Le Devoir » (ici) sur Luc Plamondon et la représentation de «Starmania» (qu'il a composée avec Michel Berger dans les années 80) sous la forme « opéra ».
(Ma femme est allé le voir à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts pendant notre séjour à Montréal et elle lui consacrera bientôt une note dont je vous signalerai l'adresse quand elle la publiera. Moi je préfère la version « comédie musicale » ou « opéra rock » et je ne suis pas allé à cette représentation).
Une photo (de Pedro Ruiz) illustrait cet article. 

La voici, un peu arrangée par moi :

Sur cette photo mon œil a été attiré par une toile -vraiment magnifique avec cet ovale vertical noir sur fond jaune, comme un idéogramme chinois- de Marcelle Ferron -qui tient une grande place dans l'art québécois- et je me suis souvenu qu'elle avait décoré de vitraux certaines stations du métro de Montréal (Champ-de-Mars et Vendôme).
Comme nous allions séjourner 4 ou 5 jours dans la métropole, je me suis promis d'aller revoir ces vitraux.
Voici ceux de la station Champ-de-Mars (la photo n'est pas de moi car je n'ai pas réussi les miennes et celle que je vous présente permettra à ceux et celles de mes visiteurs qui ne connaissent pas le métro de Montréal d'en avoir un aperçu) :

Cette photo date déjà car le bout nord de la ligne orange
n'est plus la station Henri-Bourassa mais la station Montmorency
comme on voit sur le plan ci-dessous.

Et voici une photo des vitraux de la station Vendôme (la sculpture devant ceux-ci est également de Marcelle Ferron):

Crédit Photo: Jean-René Archambault

Et puis, surprise car je ne m'en souvenais pas, un autre vitrail au Musée des beaux-arts en revenant de voir l'exposition Van Dongen, la salle où sont exposées quelques œuvres de Betty Goodwin et l'exposition consacrée à la collection d'œuvres concernant Napoléon Bonaparte de Ben Weider

Le voici :

J'aurais pu aussi vous présenter le vitrail que Marcelle Ferron a consacré à l'Holocauste à l'Université Concordia mais je n'ai pas pu aller le contempler malgré le désir que j'en avais. Je vous le présenterai un jour car il est magnifique.
Couleurs, couleurs, couleurs que l'œuvre de Marcelle Ferron, répandues dans la ville mais comme souterrainement (évidemment dans le métro) ou à l'intérieur. Couleurs dissimulées.
Dont les bâtiments devraient se couvrir -extérieurement- dans cette ville, dans ce pays, blancs, blancs, blancs, neige, neige, neige, presque tout le temps.
Montréal deviendrait la ville des couleurs émergeant du blanc.