Un peu par hasard, un peu délibérément, je suis tombé aujourd'hui sur deux tableaux de Georges Seurat, l'un des fondateurs du «Pointillisme».
D'abord sur cette «Tour Eiffel», peinte en 1889:
Puis sur cette «Plage à Gravelines» peinte l'année suivante:
Et en les regardant l'un après l'autre, j'ai eu l'impression d'assister en direct au passage du figuratif au non-figuratif en peinture.
J'ai eu l'impression de lire dans la «Plage» -qui ne comporte presque aucun élément figuratif contrairement à la «Tour Eiffel»- un appel ardent mais silencieux au non-figuratif.
Un appel qui n'ose pas se déclarer encore car le peintre donne un titre que l'on pourrait dire figuratif au tableau.
Mais il y peint néanmoins des suites plus ou moins ordonnées de taches de couleurs qui, si on oublie le titre, paraissent n'être que cela, des suites plus ou moins ordonnées de taches de couleurs.
Sans le titre, qui est, en quelque sorte, un geste d'appropriation du tableau par le peintre, le spectateur, disons le lecteur du tableau, serait libre d'y former du sens, des significations multiples puisque rien, -en tous cas aucun discours préalable sur l'œuvre-, ne viendrait plus limiter son observation et sa créativité.
Car l'art non figuratif c'est la prise du pouvoir sur le tableau par le spectateur, la mort du peintre, comme la «mort de Dieu» que proclamait Nietzsche au moment où ces tableaux ont été peints.
Mort de Dieu, mort du peintre, mort de l'auteur (en littérature).
Restent l'œuvre et l'œil qui la contemple et la fait signifier.
L'œuvre nue et l'œil qui la vêt.
dimanche 29 mars 2009
L'œuvre et l'œil
heure 22:17:00
4 commentaires:
Cependant la décomposition des formes et des couleurs correspondà une démarche assez réaliste, on croirait percevoir les atomes, les grains du sable, recherche que les non figuratifs ont peut être dévoyée.
Une oeuvre, à mon humble avis, a des sens/significations multiples, que l'histoire établit avec le recul, mais aussi dans son époque, et donc, inextricablement liés à son auteur (écrivain, poète, compositeur, peintre, ...).
Ce "point de vue", celui du créateur, est donc aussi essentiel pour comprendre le pointillisme (ou tout autre mouvement, issu de "créateurs").
Quant à l'émergeance nette de l'abstraction, la transition vers, il est tout à fait possible de la faire remonter quelques dizaines d'années plus tôt, avec les romantiques, tels que dans certaines oeuvres minimalistes de Caspar Friedrich, ou surtout dans une belle "brochette" de créations du "sublime" Turner. Sans le titre des tableaux, tout est possible pour l'imagination du spectateur-visionneur.
Et n'oublions pas que l'artiste créateur est lui-même le premier spectateur de son oeuvre...;-)...
Je vous remercie de le dire: l'artiste est en effet un spectateur comme un autre, le premier (mais peut-être pas le meilleur, cela s'est vu).
Sans compter qu'aucun œil n'est vierge.
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