Cette petite colonne devant l'entrée actuelle du Musée national des beaux-arts à Québec c'est le monument que l'armée britannique de conquête puis d'occupation a élevé à Wolfe, là même où ce massacreur et incendiaire, pionnier de la guerre totale (impliquant massacre des civils), est mort en 1759, après la bataille des Plaines d'Abraham.
J'ai tenté de faire en sorte que le sentiment que j'éprouve à l'égard de ce monument (et de celui en l'honneur duquel on l'a érigé) apparaisse avec exactitude dans la photo.
J'ai pris celle-ci par exprès au printemps, au moment où l'obèse amas de neige qui reste de l'hiver, à gauche, est barbouillé par la suie noire de la pollution et où les arbres nus semblent tendre en vain leurs bras squelettiques et décharnés vers un ciel gris et indifférent.
Voici le monument seul, triste phallus de vainqueur mort :
La plaque dorée que vous y voyez est très révélatrice, peut-être à la manière d'un acte manqué.
La voici de plus près :
On a l'impression que le français qui y apparaît (je vous présente le français seulement même s'il y a aussi une inscription anglaise) est traduit de l'anglais et c'est sans doute le cas.
(Cela est typique du Canada, qui est un pays anglais avec traduction en « français »)
On y apprend que le monument est le résultat d'une triple action de l'armée britannique et qu'il a d'abord pris la forme d'une pierre que les soldats britanniques (l'inscription dit « l'armée » pour calquer l'inscription anglaise) y roulèrent en 1759 pour marquer l'emplacement de la mort du général qui venait de donner l'empire du monde à son pays et à la langue anglaise, peut-être pour toujours.
Deux autres monuments remplacèrent cette pierre originelle (elle était sans doute noire) en 1832 et en 1849.
Puis l'acte manqué : la confédération canadienne était, selon ce que les pères francophones de celle-ci rapportèrent aux Québécois et aux Canadiens français en général pour convaincre ceux-ci d'y adhérer, « l'alliance de deux peuples, sans vainqueur, ni vaincu » pour former un grand pays ayant deux langues comme langues officielles, l'anglais et le français et fondé sur l'oubli de la victoire anglaise et de la défaite française.
Or, on voit dans l'inscription que, par l'intermédiaire de la « Commission [fédérale] des champs de bataille nationaux » (sic), représentant le gouvernement de la confédération canadienne, le monument a fait l'objet d'une nouvelle érection en 1913, il y a cent ans (fêtera-t-on le centième anniversaire de cette nouvelle érection ? ).
Le gouvernement de la confédération canadienne prenait la suite de l'armée britannique victorieuse et, par conséquent, contredisait l'affirmation sur laquelle était en principe fondée sa légitimité.
L'inscription est toujours là.
Révélatrice !
J'ai tenté de faire en sorte que le sentiment que j'éprouve à l'égard de ce monument (et de celui en l'honneur duquel on l'a érigé) apparaisse avec exactitude dans la photo.
J'ai pris celle-ci par exprès au printemps, au moment où l'obèse amas de neige qui reste de l'hiver, à gauche, est barbouillé par la suie noire de la pollution et où les arbres nus semblent tendre en vain leurs bras squelettiques et décharnés vers un ciel gris et indifférent.
Voici le monument seul, triste phallus de vainqueur mort :
La plaque dorée que vous y voyez est très révélatrice, peut-être à la manière d'un acte manqué.
La voici de plus près :
On a l'impression que le français qui y apparaît (je vous présente le français seulement même s'il y a aussi une inscription anglaise) est traduit de l'anglais et c'est sans doute le cas.
(Cela est typique du Canada, qui est un pays anglais avec traduction en « français »)
On y apprend que le monument est le résultat d'une triple action de l'armée britannique et qu'il a d'abord pris la forme d'une pierre que les soldats britanniques (l'inscription dit « l'armée » pour calquer l'inscription anglaise) y roulèrent en 1759 pour marquer l'emplacement de la mort du général qui venait de donner l'empire du monde à son pays et à la langue anglaise, peut-être pour toujours.
Deux autres monuments remplacèrent cette pierre originelle (elle était sans doute noire) en 1832 et en 1849.
Puis l'acte manqué : la confédération canadienne était, selon ce que les pères francophones de celle-ci rapportèrent aux Québécois et aux Canadiens français en général pour convaincre ceux-ci d'y adhérer, « l'alliance de deux peuples, sans vainqueur, ni vaincu » pour former un grand pays ayant deux langues comme langues officielles, l'anglais et le français et fondé sur l'oubli de la victoire anglaise et de la défaite française.
Or, on voit dans l'inscription que, par l'intermédiaire de la « Commission [fédérale] des champs de bataille nationaux » (sic), représentant le gouvernement de la confédération canadienne, le monument a fait l'objet d'une nouvelle érection en 1913, il y a cent ans (fêtera-t-on le centième anniversaire de cette nouvelle érection ? ).
Le gouvernement de la confédération canadienne prenait la suite de l'armée britannique victorieuse et, par conséquent, contredisait l'affirmation sur laquelle était en principe fondée sa légitimité.
L'inscription est toujours là.
Révélatrice !
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