samedi 20 avril 2013

Louanges à ma Francesca

C'est un nouvel autoportrait de Baudelaire que je ne voudrais pas être le dernier à vous présenter (on en parle ici).
Il semblerait qu'il date de 1845, au moment où le poète avait 24 ou 25 ans.
Je ne sais pas si Baudelaire -fils de prêtre défroqué- a été le dernier grand poète à écrire un poème en latin mais je vous présente ce poème au cas où ...


Franciscæ meæ Laudes

 Nouis te cantabo chordis,

O nouelletum quod ludis

In solitudine cordis.

Esto sertis implicata,


O femina delicata

Per quam soluuntur peccata !

Sicut beneficum Lethe,


Hauriam oscula de te,

Quæ imbuta es magnete.

Quum uitiorum tempestas


Turbabat omnes semitas,

Apparuisti, Deitas,

Velut stella salutaris


In naufragiis amaris...

– Suspendam cor tuis aris !

Piscina plena uirtutis,


Fons aeternæ iuuentutis,

Labris uocem redde mutis !

Quod erat spurcum, cremasti ;


Quod rudius, exaequasti ;

Quod debile, confirmasti.

In fame mea taberna,


In nocte mea lucerna,

Recte me semper guberna.

Adde nunc uires uiribus,


Dulce balneum suauibus

Unguentatum odoribus !

Meos circa lumbos mica,

O castitatis lorica,

Aqua tincta seraphica ;


Patera gemmis corusca,

Panis salsus, mollis esca,

Diuinum  uinum Francisca !           
        
                                          




Dont voici une traduction en français, de Iulius :

                         Louanges à ma Francesca

Mes cordes neuves te loueront,
Ô ma puce qui te folâtres
Dans la réclusion de mon cœur.

Sois enveloppée de couronnes,
Ô créature délicieuse
Par qui les péchés sont remis !

Comme d'un bienfaisant Léthé,
Je boirai des baisers de toi
Qui d'aimant es désaltérée.

Lorsque la tempête des vices
Tourmentait tous les sentiers,
Tu m'es apparue, Déité,

Telle une étoile salutaire
Dans l'amertume des naufrages...
– Mon cœur sera pour tes autels !

Piscine pleine de vertu,
Source de jouvence éternelle,
Rends la voix aux lèvres muettes !

Ce qui était vil, tu brûlas ;
Le plus rude, tu l'aplanis ;
Le débile, tu l'affermis.

Dans l'avidité mon auberge,
Dans le sommeil ma luciole,
Guide-moi toujours comme il faut.

Revigore à présent mes forces,
Onctueux bain par de suaves
Fragrances aromatisé !

Ondule à l'entour de mes reins,
Ô ceinture de chasteté,
Mouillée par une eau séraphique ;

Coupe étincelante de gemmes,
Pain salé, douce nourriture,
Vin divin, ma tendre Francesca !

2 commentaires:

orfeenix a dit…

Quelle rédemption par l' amour remplie d' espoir, ce dut être une oasis pour ce tourmenté si peu doué pour le bonheur. Décidément ce prénom est prédestiné, je l' associe au Paulo de Rossetti.

Jack a dit…

Je ne sais pas si elle était vraie. Et c'est moi qui ai traduit « Francisca » par « Francesca ». D'habitude on traduit par « Françoise » qui m'a semblé moins littéraire.

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