mardi 10 mars 2009

Portrait et dentelles

On trouve un nouveau portrait (ci-dessus: j'en donne une copie en noir et blanc car quelquefois on voit mieux la ressemblance en noir et blanc) de Shakespeare et cela fait les manchettes dans à peu près tous les pays européens, et anglophones de la Terre.
Cette découverte, il me semble, fait davantage de bruit encore que n'en ferait la découverte d'une nouvelle pièce de l'auteur.
On s'aperçoit à l'occasion de ce nouveau portrait que l'essentiel des écrits en anglais sur Shakespeare s'intéresse aux à-côtés de l'œuvre shakespearienne (son visage, le véritable auteur de ses pièces, ses mœurs sexuelles, ses relations avec le comte de Southampton (page en anglais au bout de ce lien) le (ou la mais plutôt le) destinataire de ses sonnets d'amour, les modèles de ses personnages, que sais-je encore) bien davantage qu'à l'œuvre elle-même.
Évidemment cette œuvre est pernicieuse (si on la lit avec soin et comme toute grande œuvre), elle détruit toutes les mythologies à propos des personnages historiques qu'elle met en scène et particulièrement la mythologie sur la suite des souverains qui ont régné sur l'Angleterre depuis Guillaume le Conquérant (et particulièrement les Plantagenêts de la lignée de Lancastre ou de la lignée d'York).
Elle détruit également toutes les illusions que l'on pourrait entretenir sur les motivations profondes des êtres humains.
On pourrait penser que c'est en grande partie à cause de l'œuvre de Shakespeare que la monarchie anglaise a peu à peu été évidée -du 17 au 20e siècles- de tous ses pouvoirs au profit du Parlement et particulièrement de ce monarque élu que constitue le premier ministre dans les gouvernements de type anglais (au Québec, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Indes, au Pakistan, dans les colonies britanniques d'Afrique et d'Asie, etc.).
Ces nouveaux monarques élus d'ailleurs -dont les agissements criminels équivalent à ceux des rois anglais (ou ne n'importe quel monarque, élu ou non)- mériteraient eux aussi un Shakespeare.
Une fois ceux-ci déboulonnés, comme les rois anglais dans les pièces du premier Shakespeare, les pays qu'ils disent gouverner connaîtraient, peut-être, quelques années de véritable démocratie (laquelle serait à son tour, et rapidement, confisquée par un autre usurpateur).
C'est pour éviter de rendre son pouvoir subversif à l'œuvre de Shakespeare -et à l'œuvre de tout grand écrivain- qu'on s'intéresse aux dentelles et aux coucheries.

1 commentaire:

orfeenix a dit…

Et pourtant ses oeuvres sont tellement plus croustillantes que sa vie,si fidèles au principe d' Horace en leur humour provocateur qui enrobe la noblesse des passsions et le miroir de l' éternel humain!

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