lundi 27 avril 2009

Théâtre de cirque, cirque du monde

Des acrobates ou idées d'acrobates
de Magritte, Picasso et Matisse.


Je ne sais pas si c'est une perception seulement personnelle mais j'ai eu l'impression d'assister à un spectacle de cirque (mais plutôt du genre Cirque du Soleil ou Éloize) à la représentation de «L'opérette imaginaire» de Valère Novarina, donnée par les étudiants en théâtre de l'UQAC la semaine dernière.
Car les comédiennes et comédiens avaient véritablement l'air d'acrobates de la parole (d'excellents acrobates et pas seulement de la parole) en proférant, nasillant, murmurant, criant, récitant, chantant, etc., ces fleuves de mots (parfois, souvent borborygmes buccaux) provenant de presque tous les genres littéraires, religieux et théâtraux -roman, tragédie, commedia dell'arte, drame historique et autre, chanson, poésie, mystère médiéval, opérette, comédie musicale, défilé de fanfares, procession religieuse, théâtre ubuesque, shakespearien, la Dernière Cène, etc.
Pas seulement acrobates de la paroles, mais aussi acrobates des gestes et du corps.
Et quand je parle de
Cirque du Soleil ou Éloize, je restreins un peu la représentation car les animaux du cirque traditionnel était bel et bien représentés par des animaux empaillés.
C'était aussi le cirque des vêtements, des accessoires.
Bref le cirque universel.
Je ne sais pas si c'est une impression seulement personnelle mais cette représentation m'a donné à penser que notre époque ( le début du 21e siècle) est celle du cirque, comme le 17e siècle était celle du théâtre, le 18e celle de la conversation, le 19e celle du roman, le 20e celle des massacres (élevés au rang de l'art par leur ampleur et leur perfection).
Le cirque dont la politique et l'économie prennent aussi les formes (je vous laisse deviner ceux qui jouent les nains, les augustes, les clowns blancs (ou noirs), les pierrots et les colombines, etc.).

Pierrot et Arlequin de Paul Cézanne. Ces personnages
de la commedia dell'arte sont les ancêtres des clowns du cirque.

Voici un poème de Paul Verlaine (il a été mis en musique par Georges Brassens mais impossible d'en trouver la vidéo) qui, me semble-t-il, a quelque chose à voir avec «L'Opérette imaginaire», particulièrement dans la dislocation de la syntaxe des phrases à laquelle procède -acrobatiquement- la versification.

Colombine

Léandre le sot,
Pierrot qui d'un saut
De puce
Franchit le buisson,
Cassandre sous son
Capuce,

Arlequin aussi,
Cet aigrefin si
Fantasque,
Aux costumes fous,
Les yeux luisant sous
Son masque,

Do, mi, sol, mi, fa,
Tout ce monde va,
Rit, chante
Et danse devant
Une frêle enfant
Méchante

Dont les yeux pervers
Comme les yeux verts
Des chattes
Gardent ses appas
Et disent :
"A bas
Les pattes !"

L'implacable enfant,
Preste et relevant
Ses jupes,
La rose au chapeau,
Conduit son troupeau
De dupes !

2 commentaires:

orfeenix a dit…

Encore une très belle mise en abyme(n' en déplaise à certains!)qui me rappelle le loup des steppes et son monde comme un champ de foire...j' ai également été frappée du jeu outrancier de certains jeunes comédiens qui couraient partout lors d' une représentation de Tartuffe,et soufflaient comme des boeufs en exhalant leurs répliques dans un soupir, mais eux au moins, contrairement aux archétypes que vous évoquez, sont inoffensifs.

Jack a dit…

Il faut croire que c'est une contagion et on ne sait quelle sphère d'activité a été la première contaminée.

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