Des déserteurs

Un graffiti de Banksy (je n'en suis pas sûr) qui présente des soldats dessinant le symbole de la paix en rouge sang.
Un dessin qui déplaira fort aux généraux, aux colonels, à ceux qui décèdent rarement sur les sites de batailles (on ne parle plus de «champs de batailles» que dans les hymnes ou les poèmes désuets car cela n'existe plus).
Qui déplaira aussi à ceux qui croient les généraux et les colonels (et les rois et reines, et les présidents et les premiers ministres) à propos des « guerres justes », comme on dirait les « crimes justes » ou les « malhonnêtetés justes».
Et aussi, hors des armées, à tous ceux qui, dans les institutions, les entreprises et les ministères (et les secrétariats de ministres), embrigadent et à ceux et celles qui sont embrigadés.
Je dédie à cette majorité d'humains ce dessin que je leur présente.
Voici « Le Déserteur » de Boris Vian puisque c'est la chanson qui convient, qu'elle a bercé mon adolescence et ma jeunesse et qu'elle sert d'hymne à ma vie (ses paroles suivent):

Le Déserteur

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer

(Je ne suis pas certain que, pour ma part, je n'aurai pas d'armes, au moins intellectuelles).