jeudi 19 juin 2008

Un Amérindien et le Ciel chrétien

J'ai pris cette photo en me plaçant derrière une colonne du Pavillon Michal et Renata Hornstein (construit en 1912 : je vous le présenterai dans une autre note) du Musée des beaux-arts de Montréal. On y voit la façade du Pavillon Jean-Noël Desmarais construit en 1991 de l'autre côté de la rue Sherbrooke.
À gauche, vu de dos, un des six bourgeois de Calais de Rodin, celui qui est à droite et tient les clés de la ville dans le groupe exposé sur la Place de l'Hôtel de ville de Calais depuis 1895 et dont voici la photo :
Comme on le voit en haut, dans l'affiche qui en couvre une grande partie de la façade, on présentait jusqu'au 8 juin (2008) dernier une exposition intitulée « Cuba Art » dans le Pavillon Desmarais.
Peut-être parlerai-je ultérieurement de cette exposition qui présentait des œuvres produites à Cuba de 1868 à nos jours.

C'est de l'une de ces œuvres que je veux parler.
Non pas qu'elle présente un intérêt esthétique particulier: elle appartient aux années trente à Cuba et c'est un héritage de l'art colonial qui, en imitant l'art pompier qui avait du succès en Europe bien avant le moment où elle a été peinte, s'imaginait faire œuvre originale en traitant d'un sujet local -nous avons connu cela au Québec aussi.
Je veux en parler parce qu'elle présente un aspect qui m'indigne beaucoup dans les premiers contacts de l'Europe avec l'Amérique.

Il s'agit d'une toile peinte vers 1930 par Augusto García Menocal. Elle présente le supplice de Hatuey, un chef amérindien de Cuba qui avait résisté de toutes ses forces à la conquête espagnole de l'Île.
La toile s'intitule « Je ne veux pas aller au Ciel » : ce titre c'est la réponse que Hatuey a fait à la question que lui adressait un des moines (franciscain ou dominicain) qui sont présents dans la toile.

Le moine demanda donc à Hatuey s'il voulait aller au Ciel. Hatuey lui demanda si ces hommes qui le suppliciaient iraient eux aussi au Ciel. À la réponse affirmative du moine, Hatuey lui dit: « Je ne veux pas aller au Ciel ».
Hatuey fut donc brûlé sur le bûcher mais il l'aurait été de toute façon.
Les Espagnols exterminèrent tous les Amérindiens de Cuba et en massacrèrent la presque totalité dans toutes les terres américaines dont ils firent la conquête.
Comme les Anglais. Comme les Portugais.

Quand ils ne les exterminèrent pas, il firent en sorte de leur faire oublier leur langue, leur religion, leur culture.
Au génocide des corps, ils ont ajouté le génocide des esprits.

Et ces génocides se poursuivent encore maintenant (sous d'autres formes) et se sont poursuivis jusqu'à très récemment (les années cinquante ou soixante du 20e siècle) au Canada par exemple comme vous l'avez lu dans ce blogue dans une note précédente.
Qui d'entre nous voudrait aller au Ciel avec ces massacreurs catholiques, protestants ? 
Chrétiens somme toute et prétendant appartenir à une religion qui récuse la violence, le massacre et le meurtre ?
Que je souffre pourvu que je ne sois pas avec eux !
Que je sois avec toi et tes compatriotes,
Hatuey !
Voici la toile de Menocal :


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