Je savais que les Italiens au 19e siècle, pour manifester leur désir d'indépendance et de liberté aux Autrichiens, qui occupaient le Milanais et la Vénétie, et au Pape, qui régnait sur Rome et le Latium, criaient «Viva Verdi».
Ils manifestaient ainsi leur admiration pour le grand compositeur d'opéras -Giuseppe Verdi (à droite par Boldini)- qui dans «Nabucco» leur avait presque écrit un hymne national en écrivant l'aria «Va Pensiero...» par laquelle les Hébreux exilés à Babylone expriment leur nostalgie pour leur patrie perdue.
Les Italiens pensaient à l'Italie asservie en l'entendant.
Voici cette aria suivie des paroles italiennes et françaises:
En criant ainsi «Viva Verdi» les Italiens se servaient de chacune des lettres qui composent le nom de V-E-R-D-I, pour acclamer aussi, -à l'insu de leurs occupants tudesques et catholiques- celui qu'ils voulaient comme roi de leur pays tout entier libre:
«Viva Vittorio Emmanuele Re d'Italia/Vive Victor-Emmanuel Roi d'Italie»
Mais je ne savais pas que «Madama Butterfly» de Giacomo Puccini (à gauche), par le déroulement de son intrigue, constituait une critique virulente du colonialisme et du racisme des Occidentaux à l'égard des peuples orientaux (et, éventuellement, africains et sud-américains) et, particulièrement, du colonialisme et du racisme états-uniens.
N'ayant jusque-là assisté qu'à des représentations en italien sans traduction de cet opéra, je prenais cette intrigue pour une histoire classique de femme séduite et abandonnée.
Les surtitres m'ont définitivement détrompé.
L'opéra n'est pas qu'un art sublime, c'est aussi une pensée quand on y prête attention. Comme toute œuvre d'art.
«Madama Butterfly» est de l'art évidemment et je n'ai rien à ajouter à la profonde critique de la représentation du 7 juin à la Place des Arts à Montréal qu'en a faite Denise Pelletier (ici).
Je voudrais simplement ajouter que le firmament semé d'étoiles d'or et d'une lune blanche qui est apparu dans le fond de la scène (décors de Peter England) au moment où étaient interprétés le duo «Viene la sera» et l'aria «Un bel dì, vedremo» m'a particulièrement ravi, autant que l'habile évocation des danses de geisha (à gauche) à laquelle la grande cantatrice Hiromi Omura (à droite) s'est livrée.
La mise en scène de Moffatt Oxenbould (Opéra Australia à Sydney) qu'a présentée l'Opéra de Montréal était un chef-d'œuvre à l'égal de celui de Puccini.
Voici l'aria «Un bel dì, vedremo» et le duo «Viene la sera», hélas sans le firmament qui m'a ravi, tirés du film qu'a tourné, en 1995, Frédéric Mitterand.
«Un bel dì, vedremo»
envoyé par Quarouble
Voici les paroles italiennes de cette aria:
Un bel dì, vedremo
levarsi un fil di fumo
sull'estremo confin del mare.
E poi la nave appare.
Poi la nave bianca
entra nel porto,
romba il suo saluto.
Vedi? È venuto!
Io non gli scendo incontro. Io no.
Mi metto là sul ciglio del colle e aspetto,
e aspetto gran tempo
e non mi pesa,
la lunga attesa.
E uscito dalla folla cittadina,
un uomo, un picciol punto
s'avvia per la collina.
Chi sarà? chi sarà?
E come sarà giunto
che dirà? che dirà?
Chiamerà Butterfly dalla lontana.
Io senza dar risposta
me ne starò nascosta
un po' per celia
Voici le duo «Viene la sera». L'interprète masculin, Richard Troxell, est le même qu'à Montréal:
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