Le gros de nos travaux de rénovation est terminé (reste à nettoyer et à époussetter), je reprends contact avec ce blogue pour parler d'un vin dont j'ai acheté récemment une bouteille à la succursale de la rue Jarry à Montréal de la Société des alcools du Québec.
Je l'ai achetée, cette bouteille, par pure curiosité de sémioticien devant le nom donné au vin -«Azzaro»- que je connaissais pour avoir un jour analysé une de ses étiquettes de parfum dans un cours de sémiotique.
C'est en comparant l'étiquette québécoise à l'étiquette française que j'ai retrouvée sur Internet que j'ai résolu de vous faire connaître mes réflexions et mes questions.
Voici donc les deux étiquettes du même vin -le Merlot du parfumeur et couturier Azzaro.
L'une, comme je viens de le dire, est l'étiquette sous laquelle le vin est vendu en France, l'autre l'étiquette que j'ai trouvée sur la bouteille que j'ai achetée rue Jarry et sous laquelle il est manifestement vendu au Québec et, peut-être, au Canada et aux États-Unis (mais je ne suis pas certain pour les États-Unis).
Voici la française:
La québécoise (et peut-être la nord-américaine, certainement la canadienne). Elle est moins nette que la française mais c'est que le vin a été bu et l'étiquette touchée:
Ces deux étiquettes en disent beaucoup sur ce qui permet à un produit de se vendre en Europe (ou en France seulement?) et au Québec.
Remarquez le «BY» sous le mot «Merlot» sur l'étiquette française. Ce mot anglais est une simple préposition qui correspond exactement à la préposition française «par». Pourquoi «BY»?
On pourrait peut-être le demander à Odette de Crécy (un jour Odette Swann), cette cocotte d'«À la recherche du temps perdu», qui croyait qu'en répétant quelques expressions anglaises elle allait mieux se vendre, elle, à l'un de ces riches bourgeois «BY whom she wanted to be loved and, perhaps, married*».
Certainement que le publicitaire qui a conçu l'étiquette pensait que ce «BY» allait faire vendre le vin.
Ce «BY» n'apparaît pas sur l'étiquette québécoise: il aurait probablement fallu lui donner son correspondant français (c'est la loi) et il est probable que, même traduit, il n'aurait pas eu l'effet recherché par le publicitaire. L'effet contraire je crois. Avec le «BY» seulement le vin aurait été boycotté.
C'est la raison du dessin -pas très intéressant- de la grappe sur l'étiquette québécoise (il a manifestement été sélectionné dans une bibliothèque graphique de dessins à tout usage).
La jolie phrase -qu'on verrait mieux dans une publicité de parfum- n'aurait pas mieux fait pour les ventes au Québec. A-t-elle eu meilleur effet en France? Je ne saurais le dire.
Mais vous remarquez -qui remplacent la jolie phrase- les renseignements précis sur le degré d'alcool, la région et le pays d'origine du vin, son millésime, sur l'étiquette québécoise? C'est la loi.
Quant au bilinguisme anglais-français c'est une loi canadienne.
Pour vendre le vin au Québec on aurait pu se contenter du français. Pour le vendre aussi au Canada il fallait l'anglais et le français.
Je déduis de la présence de ce «BY» qui me semble faire tache sur une étiquette française que le français n'est pas obligatoire en France sur les étiquettes.
Ai-je tort?
* Pour le publicitare qui a conçu l'étiquette française, au cas où il ne comprendrait que le «BY», voici une traduction possible: «dont elle voulait être aimée et qui, peut-être, l'épouserait».
vendredi 27 juin 2008
Le Merlot Azzaro
heure 21:04:00
2 commentaires:
On pourrait ajouter à tes intéressantes réflexions le fait que la "jolie phrase" sur l'étiquette française permet d'occulter la mention "vin de pays d'Oc", qui ne serait certes pas assez "glamour" aux yeux des français snobs qui ne jurent que par les grands bourgognes, bordeaux et autres Château Mouton-Rothschild.
Denise
Cela permet aussi d'occulter que c'est seulement un vin de pays et non une appellation contrôlée ni, comme on disait dans le temps, un VDQS (vin délimité de qualité supérieure).
Cela dit le vin n'est pas mal -il n'a pas ce goût de sciure de bois que même les plus grands vins australiens, états-uniens (voire chiliens) et, naturellement le tout-venant de ces vins ont parfois.
Au lieu de tous ces mots qui n'ont rien à voir sur les étiquettes, les Européens devraient inscrire: «Sans goût de sciure de bois».
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