mardi 18 mars 2014

Mon royaume pour un portrait

Le monsieur à l'avant n'a aucune importance : c'est pourtant lui qui payait pour se faire tirer le portrait vers 1850.
Ce serait un nommé « Arnauldet » (voir ici pour des informations).
Mais ce n'est pas à cause de lui que le musée d'Orsay a acquis cette photo pour environ 75 000$.
C'est à cause de l'ombre derrière (à gauche) qui serait celle de Charles Baudelaire.
On s'intéresse à peine aux « Fleurs du mal » et on paie des sommes insensées pour un portrait de l'ombre de leur auteur !
Il y a quelque chose de pourri au royaume ... de France, ne trouvez-vous pas ?
(Et pas seulement dans ce royaume-là !)
Voici « l'héautontimorouménos » (qu'on traduit par « le bourreau de soi-même ») pour reposer votre esprit du temps présent tout en le décrivant parfaitement :


L'héautontimorouménos

Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,

Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera

Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !

Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?

Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.

Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !

Je suis de mon cœur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !

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