Une voiture « Art déco » !
Une Duesenberg 1935 !
Elle aurait appartenu à Clark Gable.
Je l'ai retenue pour vous la présenter dans ce billet croyant que je pourrais trouver un poème pour l'accompagner.
Rares (voire inexistants) sont les poèmes mettant en scène une voiture, contrairement aux poèmes ou aux histoires mettant en scène des carrosses et des citrouilles.
On pourrait peut-être en faire un sur la mort d'Isadora Duncan, qu'une voiture, complice de son foulard, a étouffée.
Ou sur la mort de ses deux enfants, morts noyés dans la Seine où était tombée la voiture dans laquelle ils prenaient place.
Mais nul, à ma connaissance, n'y a pensé.
Voici donc la Duesenberg de Clark Gable pour laquelle vous devrez imaginer un poème.
Un ami Facebook m'a rappelé Marinetti, le fondateur du Futurisme, qui a écrit ce poème sur la voiture :
À MON PÉGASE
Dieu véhément d'une race d'acier,
Automobile ivre d'espace,
qui piétines d'angoisse, le mors aux dents
stridentes !
O formidable monstre japonais aux yeux de forge,
nourri de flamme et d'huiles minérales,
affamé d'horizons et de proies sidérales,
je déchaîne ton cœur aux teuf-teufs diaboliques,
et tes géants pneumatiques, pour la danse
que tu mènes sur les blanches routes du monde.
Je lâche enfin tes brides métalliques...
Tu t'élances,
avec ivresse, dans l'Infini libérateur !...
Au fracas des abois de ta voix...
voilà que le Soleil couchant emboîte
ton pas véloce, accélérant sa palpitation
sanguinolente au ras de l'horizon...
Il galope là-bas, au fond des bois... regarde !...
Qu'importe, beau démon ?...
Je suis à ta merci...Prends-moi !
Sur la terre assourdie malgré tous ses échos,
sous le ciel aveuglé malgré ses astres d'or,
je vais exaspérant ma fièvre et mon désir
à coups de glaive en pleins naseaux !...
Et d'instant en instant, je redresse ma taille
pour sentir sur mon cou qui tressaille
s'enrouler les bras frais et duvetés du vent.
Ce sont tes bras charmeurs et lointains qui
m'attirent !
ce vent, c'est ton haleine engloutissante,
insondable Infini qui m'absorbes avec joie !
... Ah ! Ah !... des moulins noirs, dégingandés,
ont tout à coup l'air de courir
sur leurs ailes de toile baleinée
comme sur des jambes démesurées...
Voilà que les Montagnes s'apprêtent à lancer
sur ma fuite des manteaux de fraîcheur
somnolente...
Là ! Là ! regardez ! à ce tournant sinistre !...
Montagnes, ô Bétail monstrueux, ô Mammouths
qui trottez lourdement, arquant vos dos immenses
vous voilà dépassés...noyés...
dans l'écheveau des brumes !...
Et j'entends vaguement
le fracas ronronnant que plaquent sur les routes
vos jambes colossales aux bottes de sept lieues...
Montagnes aux frais manteaux d'azur !...
Beaux fleuves respirant au clair de lune !...
Plaines ténébreuses! je vous dépasse au grand galop
de ce monstre affolé... Étoiles, mes Étoiles,
entendez-vous ses pas, le fracas des abois
et ses poumons d'airain croulant interminablement ?
J'accepte la gageure...avec Vous, mes Étoiles!...
Plus vite!... encore plus vite!...
Et sans répit, et sans repos!...
Lâchez les freins!... Vous ne pouvez ?..
Brisez-les donc !...
Que le pouls du moteur centuple ses élans !
Hourra ! Plus de contact avec la terre immonde !...
Enfin, je me détache et je vole en souplesse
sur la grisante plénitude
des Astres ruisselants dans le grand lit du ciel !
Une Duesenberg 1935 !
Elle aurait appartenu à Clark Gable.
Je l'ai retenue pour vous la présenter dans ce billet croyant que je pourrais trouver un poème pour l'accompagner.
Rares (voire inexistants) sont les poèmes mettant en scène une voiture, contrairement aux poèmes ou aux histoires mettant en scène des carrosses et des citrouilles.
On pourrait peut-être en faire un sur la mort d'Isadora Duncan, qu'une voiture, complice de son foulard, a étouffée.
Ou sur la mort de ses deux enfants, morts noyés dans la Seine où était tombée la voiture dans laquelle ils prenaient place.
Mais nul, à ma connaissance, n'y a pensé.
Voici donc la Duesenberg de Clark Gable pour laquelle vous devrez imaginer un poème.
Un ami Facebook m'a rappelé Marinetti, le fondateur du Futurisme, qui a écrit ce poème sur la voiture :
À MON PÉGASE
Dieu véhément d'une race d'acier,
Automobile ivre d'espace,
qui piétines d'angoisse, le mors aux dents
stridentes !
O formidable monstre japonais aux yeux de forge,
nourri de flamme et d'huiles minérales,
affamé d'horizons et de proies sidérales,
je déchaîne ton cœur aux teuf-teufs diaboliques,
et tes géants pneumatiques, pour la danse
que tu mènes sur les blanches routes du monde.
Je lâche enfin tes brides métalliques...
Tu t'élances,
avec ivresse, dans l'Infini libérateur !...
Au fracas des abois de ta voix...
voilà que le Soleil couchant emboîte
ton pas véloce, accélérant sa palpitation
sanguinolente au ras de l'horizon...
Il galope là-bas, au fond des bois... regarde !...
Qu'importe, beau démon ?...
Je suis à ta merci...Prends-moi !
Sur la terre assourdie malgré tous ses échos,
sous le ciel aveuglé malgré ses astres d'or,
je vais exaspérant ma fièvre et mon désir
à coups de glaive en pleins naseaux !...
Et d'instant en instant, je redresse ma taille
pour sentir sur mon cou qui tressaille
s'enrouler les bras frais et duvetés du vent.
Ce sont tes bras charmeurs et lointains qui
m'attirent !
ce vent, c'est ton haleine engloutissante,
insondable Infini qui m'absorbes avec joie !
... Ah ! Ah !... des moulins noirs, dégingandés,
ont tout à coup l'air de courir
sur leurs ailes de toile baleinée
comme sur des jambes démesurées...
Voilà que les Montagnes s'apprêtent à lancer
sur ma fuite des manteaux de fraîcheur
somnolente...
Là ! Là ! regardez ! à ce tournant sinistre !...
Montagnes, ô Bétail monstrueux, ô Mammouths
qui trottez lourdement, arquant vos dos immenses
vous voilà dépassés...noyés...
dans l'écheveau des brumes !...
Et j'entends vaguement
le fracas ronronnant que plaquent sur les routes
vos jambes colossales aux bottes de sept lieues...
Montagnes aux frais manteaux d'azur !...
Beaux fleuves respirant au clair de lune !...
Plaines ténébreuses! je vous dépasse au grand galop
de ce monstre affolé... Étoiles, mes Étoiles,
entendez-vous ses pas, le fracas des abois
et ses poumons d'airain croulant interminablement ?
J'accepte la gageure...avec Vous, mes Étoiles!...
Plus vite!... encore plus vite!...
Et sans répit, et sans repos!...
Lâchez les freins!... Vous ne pouvez ?..
Brisez-les donc !...
Que le pouls du moteur centuple ses élans !
Hourra ! Plus de contact avec la terre immonde !...
Enfin, je me détache et je vole en souplesse
sur la grisante plénitude
des Astres ruisselants dans le grand lit du ciel !
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