mercredi 26 décembre 2007

Puissance de la parole

J'aime posséder la puissance de la parole -disons du mot car cela se marque aussi dans l'écrit. C'est du moins ce qu'on me dit posséder.

Comme professeur c'était l'exigence de base pour réussir à transmettre l'amour de ce que j'enseignais. Et je ne manque pas d'amour de la littérature. Pour moi, comme pour Marcel Proust, «la vraie vie, c'est la littérature». C'est là en effet qu'on vit par procuration les plus grands événements de la vie, ceux qu'on n'a pas le temps ni l'occasion de vivre en vivant. Ou c'est là qu'on apprend à vivre les plus grands événements que la vie nous offre parfois de vivre et qu'on ne pourrait pas vivre vraiment si on n'avait pas appris à les vivre dans les romans ou, en tous cas, dans la littérature, dans laquelle j'inclus aussi le théâtre et le cinéma: l'amour, le désir, la passion, le chagrin, le regret, la nostalgie.

Mes conquêtes amoureuses ou amicales ou pédagogiques (oui il faut conquérir les élèves comme des maîtresses ou des amants) je les ai faites pour la plupart par la parole ou par le mot, même si rétrospectivement je trouve que je n'ai jamais été vraiment mal de ma personne (je ne le croyais pas au moment où je l'étais, d'où mon recours obsessionnel à la parole).

La puissance de la parole c'est le pouvoir de créer, selon le vers de Victor Hugo:

« Car le mot, c'est le Verbe, et le Verbe, c'est Dieu.»

Quand on possède la parole on est un dieu (mais sans clergé sinon on est un rien ou une fripouille ou un massacreur).

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