vendredi 18 avril 2025

Le bol Bakōhan


Au Japon, au XVe siècle, le précieux bol à thé en céladon chinois du shogun Ashikaga Yoshimasa se brisa. Lorsqu'il l'envoya en Chine pour réparation, il revint avec de simples agrafes métalliques le retenant, loin de la restauration raffinée à laquelle il aurait pu s'attendre.
Mais plutôt que de rejeter cette réparation « brutale », le bol – baptisé Bakōhan (« grande pince à sauterelle ») – fut célébré lors des cérémonies du thé pour son caractère unique. Les fissures causées par les agrafes étaient perçues comme enrichissant son histoire et sa beauté plutôt que de les diminuer.
Deux siècles plus tard, cette appréciation pour la céramique réparée évolua vers l'art du kintsugi, où des coutures dorées transformaient les poteries brisées en trésors encore plus précieux. Ce qui commença avec de simples agrafes métalliques ouvrit les yeux du Japon sur la beauté de l'imperfection.
Le bol Bakōhan demeure aujourd'hui un trésor national japonais, ses agrafes métalliques racontant encore comment les objets brisés peuvent devenir plus intéressants que les objets parfaits.

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