Compte rendu de ce livre de Francisco J. Rubia (page en castillan au bout de ce lien) dans « Books » :
La pensée binaire : bonne ou mauvaise ?
Nous
autres humains, constate le médecin espagnol Francisco Rubia, semblons
tirer un plaisir tout particulier à ordonner le monde selon des
oppositions binaires : corps/esprit, droite/gauche, jour/nuit,
masculin/féminin. Spécialiste de la physiologie du système nerveux et
professeur à la faculté de médecine de l’université Complutense de
Madrid, Rubia s’interroge sur les origines et les effets de ce mode de
pensée. Dans El pensamiento dualista, « il passe en revue les
recherches de neurologues, de sociologues et d’anthropologues qui
pointent toutes dans une même direction : l’antithèse est “un schéma
très ancien de la perception et de la pensée humaines” », commente Ana
Ramírez dans le quotidien en ligne El Confidencial.
Quel que soit le siège de la pensée binaire, il n’en reste pas moins qu’elle nous expose à un péril insidieux. « Rubia montre, au travers d’exemples historiques, que les différentes cultures ont tendance à associer aux termes d’une antithèse une valence émotionnelle. Ainsi, le haut est mieux que le bas. Le dedans mieux que le dehors. Le devant mieux que le derrière », souligne la critique d’El Confidencial. De l’opposition binaire à la hiérarchisation, il n’y a qu’un pas, et nous avons tôt fait de diaboliser ce que nous plaçons dans la « mauvaise » catégorie. « La pensée dualiste est caractéristique des idéologies tout comme des croyances et du fanatisme », écrit Rubia. « Je ne pense pas que l’on puisse attribuer plus de victimes à un autre type de pensée humaine », déplore-t-il, faisant allusion aux couples d’opposition funestes juif/non-juif, Hutu/Tutsi, croyant/incroyant…
La pensée binaire : bonne ou mauvaise ?
Et par « très ancien », le neurologue espagnol entend vieux de 40 000 ans. En effet, il
fait remonter notre pensée dualiste au paléolithique supérieur, période
à laquelle seraient nés l’art et la pensée symbolique. Pour
Rubia, le monde n’est pas intrinsèquement structuré selon un principe
d’oppositions binaires. Si nous le percevons ainsi, c’est en raison de
prédispositions génétiques et de l’ordonnancement de notre cerveau.
Certains chercheurs, avance Rubia, prétendent même avoir découvert où se
logerait notre capacité à ordonner des éléments abstraits par paires :
dans le lobe pariétal inférieur. Cette hypothèse, contestée, découle du
constat que des patients souffrant de lésions du lobe pariétal inférieur
sont incapables de nommer le contraire d’un mot que l’expérimentateur
leur soumet.
Quel que soit le siège de la pensée binaire, il n’en reste pas moins qu’elle nous expose à un péril insidieux. « Rubia montre, au travers d’exemples historiques, que les différentes cultures ont tendance à associer aux termes d’une antithèse une valence émotionnelle. Ainsi, le haut est mieux que le bas. Le dedans mieux que le dehors. Le devant mieux que le derrière », souligne la critique d’El Confidencial. De l’opposition binaire à la hiérarchisation, il n’y a qu’un pas, et nous avons tôt fait de diaboliser ce que nous plaçons dans la « mauvaise » catégorie. « La pensée dualiste est caractéristique des idéologies tout comme des croyances et du fanatisme », écrit Rubia. « Je ne pense pas que l’on puisse attribuer plus de victimes à un autre type de pensée humaine », déplore-t-il, faisant allusion aux couples d’opposition funestes juif/non-juif, Hutu/Tutsi, croyant/incroyant…
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