Tiré de la lettre d'aujourd'hui de Books (ici) sur nos mensonges quotidiens, fondements de ceux des politiciens, des prélats, voire de Dieu lui-même (c'est moi qui ajoute ceci) :
Post-vérité toi-même !
Donald Trump n’est que la partie émergée d’un énorme iceberg, la routinisation de la malhonnêteté. Le mensonge est devenu banal à tous les échelons de la vie contemporaine, assure Ralph Keyes dans The Post Truth Era. Au niveau politique, cela consiste à affirmer publiquement, au mépris des faits, « Je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec cette femme » ou « Nous avons trouvé des armes de destruction massive ». Au niveau quotidien, ce sont les petits arrangements avec la vérité dont nous nous accommodons si bien : « Il ne peut pas vous répondre, il est en réunion » ou « Mais non, tu n’es pas grosse dans cette robe ». Car nous mentons tous, tout le temps.
Pour son livre The (Honest) Truth About Dishonesty, l’économiste comportemental Dan Ariely a éprouvé le rapport de 50 000 individus à la triche. Résultat, il a démasqué parmi eux une poignée seulement de gros menteurs, mais aussi et surtout 30 000 petits. Les expériences d’Ariely soulignent que ni l’importance de l’avantage espéré, ni la probabilité de se faire prendre la main dans le sac n’a d’influence sur ces micro-comportements. La malhonnêteté ne s’analyse pas en termes de rationalité coût-bénéfice. Ce qui est en jeu, c’est la volonté de tirer le meilleur parti d’une situation tout en conservant une image honorable de soi. Soucieux de ne pas apparaître malhonnêtes à nos propres yeux, nous ne faisons que de petites entorses à l’éthique, et nous nous abusons nous-mêmes. Sur un terrain de golf, par exemple, la plupart des joueurs jugent acceptable de repositionner à leur avantage la balle du bout du pied (voire à l’aide du club), mais immoral de la déplacer à la main. Or la manœuvre n’échappe pas aux autres. Nous observons de manière totalement asymétrique comportement vertueux et comportement vicieux : ce dernier est immédiatement repérable. Et c’est là que le bât blesse : plus un acte est répété, plus il a de chances d’être peu à peu jugé acceptable. La malhonnêteté est contagieuse, souligne Ariely.
En devenant insensibles aux petits mensonges et en les multipliant, nous contribuons tous à l’ère de post-vérité dans laquelle nous vivons. Nous ne sommes pas moins vertueux que nos ancêtres, précise Keyes. Mais le mensonge ne tient plus la même place dans notre société. A force de le rationaliser pour être en accord avec notre conscience, nous avons créé un monde d'euphémismes constants. En remplaçant le mot «mensonges » par des expressions comme « erreurs de jugement », « exagérations » ou « mauvaise communication », nous avons contribué à affaiblir la sanction sociale associée à ce comportement et la valeur de la vérité.
Post-vérité toi-même !
Donald Trump n’est que la partie émergée d’un énorme iceberg, la routinisation de la malhonnêteté. Le mensonge est devenu banal à tous les échelons de la vie contemporaine, assure Ralph Keyes dans The Post Truth Era. Au niveau politique, cela consiste à affirmer publiquement, au mépris des faits, « Je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec cette femme » ou « Nous avons trouvé des armes de destruction massive ». Au niveau quotidien, ce sont les petits arrangements avec la vérité dont nous nous accommodons si bien : « Il ne peut pas vous répondre, il est en réunion » ou « Mais non, tu n’es pas grosse dans cette robe ». Car nous mentons tous, tout le temps.
Pour son livre The (Honest) Truth About Dishonesty, l’économiste comportemental Dan Ariely a éprouvé le rapport de 50 000 individus à la triche. Résultat, il a démasqué parmi eux une poignée seulement de gros menteurs, mais aussi et surtout 30 000 petits. Les expériences d’Ariely soulignent que ni l’importance de l’avantage espéré, ni la probabilité de se faire prendre la main dans le sac n’a d’influence sur ces micro-comportements. La malhonnêteté ne s’analyse pas en termes de rationalité coût-bénéfice. Ce qui est en jeu, c’est la volonté de tirer le meilleur parti d’une situation tout en conservant une image honorable de soi. Soucieux de ne pas apparaître malhonnêtes à nos propres yeux, nous ne faisons que de petites entorses à l’éthique, et nous nous abusons nous-mêmes. Sur un terrain de golf, par exemple, la plupart des joueurs jugent acceptable de repositionner à leur avantage la balle du bout du pied (voire à l’aide du club), mais immoral de la déplacer à la main. Or la manœuvre n’échappe pas aux autres. Nous observons de manière totalement asymétrique comportement vertueux et comportement vicieux : ce dernier est immédiatement repérable. Et c’est là que le bât blesse : plus un acte est répété, plus il a de chances d’être peu à peu jugé acceptable. La malhonnêteté est contagieuse, souligne Ariely.
En devenant insensibles aux petits mensonges et en les multipliant, nous contribuons tous à l’ère de post-vérité dans laquelle nous vivons. Nous ne sommes pas moins vertueux que nos ancêtres, précise Keyes. Mais le mensonge ne tient plus la même place dans notre société. A force de le rationaliser pour être en accord avec notre conscience, nous avons créé un monde d'euphémismes constants. En remplaçant le mot «mensonges » par des expressions comme « erreurs de jugement », « exagérations » ou « mauvaise communication », nous avons contribué à affaiblir la sanction sociale associée à ce comportement et la valeur de la vérité.
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