Tirés du magazine « Books », éléments du compte rendu du livre « The Statue of Liberty » d'Edward Berenson (ici) :
Il faut reconnaître qu'effectivement elle a l'air méchant.
La Liberté éclairant le monde n’a pas tout de suite éclairé les Américains de son aura, ni accueilli les pauvres et les exclus à bras ouverts. L’un des monuments les plus connus du monde est une « icône creuse », selon l’historien Edward Berenson. Il est tellement abstrait, explique-t-il dans The Statue of Liberty, qu’il a pris la signification qu’on a bien voulu lui donner selon les époques.
Les Français y voyaient un symbole de la liberté disciplinée, par opposition aux saccages de la Commune et de la Terreur. « Ils espéraient aussi, note Edward Kosner dans le Wall Street Journal ,
que ce cadeau leur permettrait de rentrer dans les bonnes grâces des
Américains qui avaient pris fait et cause pour les Allemands pendant
l’humiliante guerre franco-prussienne de 1870. »
Mais Lady Liberty fut plutôt accueillie froidement. Mark Twain la détestait.
Pour l’écrivain, elle avait l’air « trop vigoureuse et bien nourrie »,
reflétant « la prospérité insolente » plutôt que « les insultes et les
humiliations » subies par la liberté au fil des siècles. De leur côté,
les religieux, protestants et catholiques, y voyaient une idole païenne.
Les vagues d’immigration massives des premières années du XXe siècle ne se sont pas déroulées sous son regard bienveillant,
ajoute Berenson. Lady Liberty était alors le symbole de l’Amérique
assiégée par les pauvres du monde entier. Il fallut attendre les années
1930, et le quasi-arrêt de l’afflux des réfugiés, pour que les
Américains en fassent un symbole de leur hospitalité.
Il faut reconnaître qu'effectivement elle a l'air méchant.
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