Voici un texte tiré d'une interview de Pierre Vidal-Naquet (1930-2006), dans « Les collections de L'Histoire », n° 24, juillet-septembre 2004, où, à propos de l'Iliade et de l'Odyssée, on parle de l'invention et de l'essence de la littérature :
Le monde d’Homère est pour moi avant tout un monde poétique. Non pas imaginaire, mais poétique, un monde dont la dimension est créée par la poésie. On est dans un monde qui est largement fictif puisque, en particulier, il prétend s’appuyer sur Mycènes dont il est éloigné, en réalité, de plusieurs siècles. Il y a évidemment des emprunts au réel, à du réel de différents époques. Homère a grappillé un peu partout.
[…] il faut distinguer entre les deux poèmes. L’auteur n’est certainement pas le même pour l’Iliade et pour l’Odyssée. […]
L’Odyssée est en quelque sorte la première œuvre littéraire. L’Iliade est le premier texte. Elle nous fascine parce qu’elle est un commencement. Mais l’Odyssée est la première œuvre littéraire, en ce sens qu’elle fonctionne comme une méditation, une réflexion sur l’ « Iliade », une imitation comme l’a écrit Simone Weil.
Et c’est ce qui est magnifique. Il y a un exemple célèbre, celui d’Ulysse pleurant comme une femme qui a perdu son enfant. Implicitement c’est une sorte de comparaison avec Andromaque. C’est un moment extraordinaire, qui a très bien été étudié par Pietro Pucci (Ulysse Polutropos, PUS,1995). Il est parti de cette comparaison d’Ulysse, dans l’île des Phéaciens, qui pleure comme pleure Andromaque à la perspective d’être captive. C’est une sorte de jeu littéraire. À mon avis, l’Odyssée, c’est l’invention de la littérature.
Le monde d’Homère est pour moi avant tout un monde poétique. Non pas imaginaire, mais poétique, un monde dont la dimension est créée par la poésie. On est dans un monde qui est largement fictif puisque, en particulier, il prétend s’appuyer sur Mycènes dont il est éloigné, en réalité, de plusieurs siècles. Il y a évidemment des emprunts au réel, à du réel de différents époques. Homère a grappillé un peu partout.
[…] il faut distinguer entre les deux poèmes. L’auteur n’est certainement pas le même pour l’Iliade et pour l’Odyssée. […]
L’Odyssée est en quelque sorte la première œuvre littéraire. L’Iliade est le premier texte. Elle nous fascine parce qu’elle est un commencement. Mais l’Odyssée est la première œuvre littéraire, en ce sens qu’elle fonctionne comme une méditation, une réflexion sur l’ « Iliade », une imitation comme l’a écrit Simone Weil.
Et c’est ce qui est magnifique. Il y a un exemple célèbre, celui d’Ulysse pleurant comme une femme qui a perdu son enfant. Implicitement c’est une sorte de comparaison avec Andromaque. C’est un moment extraordinaire, qui a très bien été étudié par Pietro Pucci (Ulysse Polutropos, PUS,1995). Il est parti de cette comparaison d’Ulysse, dans l’île des Phéaciens, qui pleure comme pleure Andromaque à la perspective d’être captive. C’est une sorte de jeu littéraire. À mon avis, l’Odyssée, c’est l’invention de la littérature.
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