Alexis de Tocqueville (1850) par Théodore Chassériau
Si les Canadiens (on
dirait aujourd’hui les Québécois) ne sortent pas de leur apathie d’ici à
vingt ans, il ne sera plus temps d’en sortir. Tout annonce que le réveil
de ce peuple approche. Mais si dans cet effort les classes
intermédiaires et supérieures de la population canadienne
(québécoise) abandonnent les basses classes et se laissent entraîner
dans le mouvement anglais, la race française est perdue en Amérique. Et
ce serait en vérité dommage car il y a ici tous les éléments d’un grand
peuple. Les Français d’Amérique sont aux Français de France ce que les
Américains sont aux Anglais. Ils ont conservé la plus grande partie des
traits originaux du caractère national, et l’ont mêlé avec plus de
moralité et de simplicité. [...] En un mot ils ont en eux tout ce qu’il
faudrait pour créer un grand souvenir de la France dans le Nouveau
Monde. Mais parviendront-ils jamais à reconquérir complètement leur
nationalité ? C’est ce qui est probable sans malheureusement être
assuré.
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