Tel l'enfant animé d'un espoir enchanteur,
Si je croyais que l'âme, à l'issue des douleurs
Emportait, échappant à la chair qui empeste
La mémoire et l'amour vers l'abîme céleste,
J'aurais depuis longtemps quitté ce monde-ci,
J'aurais brisé le corps, idole sans merci,
Volant vers un pays de liberté, de fête,
Vers un pays sans mort, sans forme toute faite
Où la pure pensée luit dans l'azur bleuté.
Mais je m'adonne en vain à ce rêve enchanté.
La raison me poursuit, méprise toute ivresse :
À la mort, le néant est la seule promesse.
Quoi ? rien ? ni la pensée, ni le premier amour ?
J'ai peur. Et de nouveau, je vois le triste jour,
Et je veux vivre, et vivre, et qu'une image chère
Trouve refuge et brûle en mon âme éphémère.
Alexandre Pouchkine
traduit par André Markowicz
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