Officiellement, l’Église n’approuve pas la prostitution, puisqu’elle ne conçoit la sexualité que dans un but de reproduction, et encourage les prostituées à se repentir. Mais dans les faits, elle tolère la pratique, jugeant qu’il est ainsi moins « dangereux » pour un homme de se tourner vers une fille de joie que de commettre le pêché de sodomie, par exemple. Cette tolérance a poussé certaines autorités ecclésiastiques à carrément organiser la prostitution.
Une prostitution organisée
À partir du XIIème siècle, elles prélèvent des taxes sur les bordels hébergés au sein même des couvents et des monastères ! Au XIIIe siècle, les canonistes admettent la recevabilité des profits tirés de la prostitution à condition que la fille exerce par nécessité, et non par vice et plaisir. L’évêque de Langres ou l’abbé de Saint-Etienne à Dijon perçoivent ainsi sans rougir les revenus des maisons de prostitution. À Rome aussi la débauche est omniprésente. En 1477, il y a 6 300 prostituées reconnues officiellement dans la ville. Sixte IV (1414-1484) décide de tirer parti de cet impôt du plaisir. il a l’idée originale de taxer toutes les prostituées et les prêtres concubinaires dans les États pontificaux, y compris Rome.
Il récoltera ainsi plus de 30 000 ducats par an, ce qui lui permettra de financer la chapelle Sixtine. A partir de la Renaissance, la prohibition finit par l’emporter: les ravages de la syphilis et le rigorisme religieux consécutif à la Réforme expliquent en partie ce revirement.
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