lundi 11 février 2019

En Russie, la roue, parfois rouge, parfois blanche, mais toujours sanglante, roule sans fin, les bourreaux y deviennent martyrs et les martyrs bourreaux

  « Pouchkine à sa table de travail » par Piotr Kontchalovski

 [C]'est la Russie. C'est la violence de la Russie. Quel gâchis ! Pouchkine meurt à 37 ans. Lermontov, à 26. Et les deux ont, d'une façon ou d'une autre, cherché la mort. Ce qui montre que la particularité de la terreur soviétique, ce n'est pas la terreur. C'est l'industrie. C'est-à-dire que dans les années 1920-1930, le système permettait de tuer plus de gens. Mais le fond était là. La terreur est un trait de l'État en Russie. Quand Pierre le Grand construit Saint-Pétersbourg, il tue des centaines de milliers de personnes. C'est ce que dit Pouchkine aussi. Et quand il fait couper les barbes de la noblesse, ce sont des centaines de milliers de nobles qui préfèrent se faire brûler vifs plutôt que de se faire couper la barbe. 

Ce paragraphe est tiré d'une interview d'André Markowicz à propos de la traduction des poèmes de Pouchkine, qu'il entreprend (ici, portant le titre de  « C'est Pouchkine qu'il ressuscite ! Entretien avec André Markowicz »).
Un ami Facebook, à la suite de sa lecture de cette interview, et particulièrement de ce paragraphe, m'écrivait : « [...] on a souvent attribué aux Soviétiques des actes qui participaient des mœurs proprement russes. Des goulags, il y en a eu bien avant 1917. La déportation en Sibérie est une vieille coutume russe. »
Ce à quoi je lui soulignais (et maintenant à vous) :  « Eh oui ! Et cela a encore cours ! Tour à tour, les bourreaux deviennent martyrs et les martyrs bourreaux, et la roue, parfois rouge, parfois blanche, mais toujours sanglante, roule sans fin. »

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