mardi 5 juin 2012

Un petit garçon urine sur les hiérarchies

Dans un billet récent de son blogue (ici), ma femme , Denise Pelletier, présentait ce tableau de Jean-Paul Lemieux intitulé «La Fête-Dieu à Québec».
Le tableau n'est pas réaliste et, par certains aspects, il appartient à la peinture naïve.
Comme comme toute peinture naïve, à son insu, il dit la vérité sur l'époque où il a été peint.
Ainsi le tableau dit la hiérarchie de ceux qui possèdent le pouvoir en 1944.
Au haut du tableau la Citadelle de Québec où flotte le drapeau du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, l'«Union Jack»: le plus haut pouvoir est exercé au Québec par les représentants de Sa Majesté britannique et par son armée (voyez ici sur le site officiel de la Citadelle les soldats portant encore aujourd'hui l'uniforme britannique qui l'occupent).
Plus bas le Château Frontenac, construit par le «Canadien Pacifique», la compagnie de chemins de fer grâce à laquelle le Québec a été relié à l'océan Pacifique: cela signifie que le pouvoir est exercé, en deuxième lieu, par le grand capitalisme.
Plus bas la cathédrale de Québec qui signifie le pouvoir de l'Église catholique romaine, laquelle impose ce pouvoir en faisant défiler ses dignitaires par les rues de la capitale (parmi ces dignitaires Jésus-Christ lui-même, représenté par un ostensoir sous un dais royal où, affirme-t-on, il est présent personnellement dans l'hostie).
L'église Notre-Dames-des-Victoire, où aboutit la procession en bas à gauche, et une sorte de reprise (une «rime») de la cathédrale et montre l'emprisonnement idéologique où l'Église catholique -mandatée à cet effet par le pouvoir britannique- maintient le petit peuple québécois dont elle prétend, par la foi, protéger la langue.
Peut-être le petit garçon qui urine contre un arbre au milieu du tableau à droite exprime-t-il l'opinion du peintre sur ces pouvoirs et leur hiérarchie, mais on le voit à peine tant il est dangereux pour une opinion dissidente, voire seulement une moquerie, de s'exprimer.
Essayez de voir cet insolent petit garçon dans cette vue rapprochée de la partie du tableau où il se trouve, près de l'arbre derrière un couple confit en dévotions:


Voici un zoom sur le petit pisseur dont je vous prie d'excuser la définition : 

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