La conclusion des « Mémoires » du duc de Saint-Simon, citée par Vincent Froté, dans sa page Facebook, et qui révèle la caractéristique des grandes œuvres, et pas seulement des grandes œuvres littéraires : « [ELLES] EXCITENT UNE PRODIGIEUSE RÉVOLTE » !
« Comme je n’en verrai rien, peu m’importe; mais si ces Mémoires voient jamais le jour, je ne doute pas qu’ils n’excitent une prodigieuse révolte. Chacun est attaché aux siens, à ses intérêts, à ses prétentions, à ses chimères, et rien de tout cela ne peut souffrir la moindre contradiction. On n’est ami de la vérité qu’autant qu’elle favorise, et elle favorise peu de toutes ces choses-là. Ceux dont on dit du bien n’en savent nul gré : la vérité l’exigeait. Ceux, en bien plus grand nombre, dont on ne parle pas de même, entrent d’autant plus en furie que ce mal est prouvé par les faits; et comme, au temps où j’ai écrit, surtout vers la fin, tout tournait à la décadence, à la confusion, au chaos, qui depuis n’a fait que croître, et que ces « Mémoires » ne redoutent qu’ordre, règle, vérité, principes certains, et montrant à découvert tout ce qui y est contraire, qui règne de plus en plus avec le plus ignorant, mais le plus entier empire, la convulsion doit donc être générale contre ce miroir de vérité. »
Saint-Simon, Mémoires,
Année 1723, Pléiade, Tome VIII, p. 664
Année 1723, Pléiade, Tome VIII, p. 664
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